Partir à la découverte d’un système éducatif étranger est une expérience très riche. On en revient plein d’énergie », témoigne Catherine De Ciancio, proviseure adjointe du lycée polyvalent Louis-de-Cormontaigne à Metz (Moselle). En 2014, elle a monté un dossier pour participer, avec huit enseignants de son lycée, au projet Mirabell porté par l’académie de Metz-Nancy dans le cadre d’Erasmus +. Elle ne le regrette pas.

Après avoir suivi des cours d’anglais à l’université de Dublin (Irlande) pendant deux ­semaines – « histoire de se remettre à niveau » –, elle a mis le cap, six mois plus tard, vers la Finlande avec ses collègues. Ils y ont observé la vie de deux lycées, l’un général et l’autre professionnel. « L’idée était de mieux comprendre le système finlandais et de s’en inspirer, le cas échéant, explique-t-elle. Nous en sommes revenus avec un partenariat et des tas d’idées comme celle de faire plancher nos élèves sur un projet commun de robot. »

Hausse de 80 % par rapport à 2014

En 2016, seuls 1 839 professeurs et personnels du secondaire ont mis le cap sur un des 33 pays participant au programme de mobilité (sur deux jours à deux mois), ce qui ­représente toutefois une hausse de 80 % par rapport à 2014. Un nombre encore bien ­modeste au regard de la satisfaction qu’en ­retirent ceux qui l’ont vécue. « C’est l’occasion de revoir nos pratiques et de travailler en équipe », commente Véronique Caillère, ­professeure de biotechnologies, santé et ­environnement au lycée professionnel Louis-Blériot de Trappes (Yvelines), partie avec des collègues en job shadowing (stage d’observation) pendant une semaine au Portugal.

Son enthousiasme est partagé par les ­enseignants-chercheurs qui ont posé leurs valises entre deux jours et deux mois dans une université partenaire pour y faire cours, à raison de huit heures au minimum par semaine. « Ce séjour m’a permis de rendre ­visite à nos étudiants mais surtout de rencontrer d’autres collègues, avec qui j’ai échangé sur nos pratiques pédagogiques et sur nos recherches », indique Marie-Noëlle Bessagnet, professeure de système d’information à l’université de Pau et des pays de l’Adour.

« Faire cours en anglais »

Pourtant, en 2016, seulement 2 305 enseignants-chercheurs français ont effectué une mobilité de ce type. « Beaucoup ont peur de ne pas être capables de faire cours en anglais », reconnaît Gwenaele Proutière-Maulion, ­vice-présidente en charge des affaires européennes et des relations internationales à l’université de Nantes (Loire-Atlantique). A cette question de la langue s’ajoutent les contraintes d’un emploi du temps déjà chargé, les heures d’enseignement à l’étranger s’ajoutant au ­service habituel.

Les personnels administratifs sont, quant à eux, chaque année un peu plus nombreux à partir : 1 375 en 2016 contre 882 en 2014. « Le fait d’aller observer la manière dont travaillent nos homologues étrangers et d’échanger sur nos pratiques est extrêmement bénéfique. Et il est plus facile d’accompagner et de conseiller les étudiants quand on est allé sur place », constate Marie-Line Fournier, coordinatrice internationale de l’institut d’administration des entreprises (IAE) Savoie-Mont-Blanc (Chambéry), partie en Finlande. Gwenaele Proutière-Maulion en est convaincue, « la ­mobilité des personnels administratifs est un atout considérable ». A ses yeux, elle devrait être une priorité.