Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, lors d’un discours en ouverture du comité central de son parti de gauche, Syriza, à Athènes (Grèce), le 11 février 2017. | ANGELOS TZORTZINIS / AFP

Enervé par le piétinement du dossier de la crise grecque à Bruxelles, Alexis Tsipras s’en est pris samedi 11 février, devant son parti, à la zone euro et au Fonds monétaire international (FMI). Ouvrant une réunion du comité central de Syriza à Athènes, le premier ministre grec a accusé le FMI et le ministre allemand des finances, Wolfgang Schaüble, de « jouer avec le feu ».

La veille, une réunion organisée à Bruxelles entre la partie grecque, la zone euro et le FMI devait ouvrir la voie à un accord pour le maintien de la Grèce surendettée sous perfusion, qui aurait été présenté lors de la prochaine réunion des ministres des finances de la zone euro le 20 février.

Alors que la crainte d’une nouvelle crise grecque a resurgi en Europe et sur les marchés, M. Tsipras a conditionné un retour à Athènes des représentants des créanciers à un changement de cap du FMI :

« Nous attendons le plus vite possible que le FMI révise ses prévisions (…) pour que les discussions puissent continuer au niveau technique (…). Le FMI poursuit une partie de poker en faisant traîner les choses car il ne veut pas rejeter la faute sur l’intransigeance du ministre allemand [Wolfgang Schaüble] et brandit sans cesse de nouvelles demandes absurdes pour que la faute soit rejetée sur la Grèce. »

Puis il a nommément appelé la chancelière allemande, Angela Merkel, « à encourager son ministre des finances à mettre fin à son agressivité permanente » envers Athènes.

Toutefois confiant dans un accord

Après avoir soufflé le chaud, le premier ministre grec a soufflé le froid, se disant néanmoins confiant sur le fait qu’un accord sera trouvé. Il a invoqué en ce sens un recul des thèses ultralibérales en Europe, notamment en Allemagne, et la nécessité pour l’UE de serrer les rangs face à l’euroscepticisme.

« La revue » du programme grec, dont le bouclage conditionne le versement de nouveaux prêts, « sera conclue et de manière positive », a-t-il affirmé. Il n’a cependant pas dégagé de voie pour une issue, alors que, selon les médias, sa majorité, qui ne dispose que de trois voix d’avance au Parlement, est divisée entre partisans de nouvelles concessions aux créanciers et avocats de la fermeté.

Le pays, qui devra honorer en juillet des créances de plus de six milliards d’euros, est pris en étau depuis des semaines dans une dispute entre le FMI et la zone euro, qui s’écharpent sur l’ampleur de l’allégement de la dette à lui consentir et les efforts à réclamer aux Grecs.

Une dette « intenable » selon le FMI

Pessimiste, au vu des erreurs et défaillances accumulées depuis le début de la crise grecque en 2010, le FMI a publié mardi un rapport jugeant la dette grecque « intenable ». Il conteste aussi l’ampleur de l’objectif d’excédent primaire (hors service de la dette), à 3,5 % du PIB, que la zone euro réclame pour après 2018.

Mais les options qu’il envisage, dont un allégement substantiel de la dette, voire un retrait du programme de prêts à la Grèce, sont catégoriquement exclues par M. Schaüble dans la perspective des élections qui se tiendront à la fin de 2017 en Allemagne. A défaut, le FMI réclame qu’Athènes légifère par avance de nouvelles hausses d’impôt et baisses de retraites, un pis-aller, cette fois, rejeté par la Grèce.

L'impact de la crise en Grèce expliqué en patates
Durée : 04:47