Au Mexique, des milliers de personnes dans la rue contre Donald Trump
Au Mexique, des milliers de personnes dans la rue contre Donald Trump
Le Monde.fr avec AFP
Au moment où les Etats-Unis et le Mexique traversent leur plus grave crise, des manifestants de tout le pays ont répondu à un appel à protester contre les projets du président américain.
Des milliers de Mexicains manifestent contre Trump, à Mexico le 12 février. | RONALDO SCHEMIDT / AFP
En pleine crise diplomatique entre Mexico et Washington, des milliers de Mexicains manifestaient dimanche 12 février contre le président américain Donald Trump et son projet de construire un mur à la frontière.
Agitant des drapeaux mexicains, vêtus pour certains de blanc, les manifestants ont commencé à envahir la principale avenue de la capitale mexicaine à l’appel d’entreprises, d’organisations civiles et d’universités. « Le Mexique, on le respecte, M. Trump » pouvait-on lire sur une immense pancarte en tête de cortège.
« Nous sommes ici pour que Trump voie et sente comment tout un pays, uni, se lève contre lui et ses idioties xénophobes, discriminatoires et fascistes. Le Mexique ne sera pas son esclave », a lancé Julieta Rosas, une étudiante en littérature, portant un tee-shirt représentant le président américain affublé de la moustache d’Adolf Hitler. « Nous sommes tous des migrants, nous sommes unis. C’est le moment de construire des ponts, pas des murs », a souligné Jose Antonio Sanchez, âgé de 73 ans, défilant avec sa nièce de 9 ans.
#VibraMexico
Un manifestant dans les rues de Mexico, le 12 février. | RONALDO SCHEMIDT / AFP
Ce mouvement de protestation lancé sur les réseaux sociaux à travers le mot-clé #VibraMexico (Vibre, Mexique) avait lieu également à Guadalajara, la deuxième plus grande ville du pays, et une vingtaine d’autres localités se préparaient à faire de même.
Cet appel à « manifester le rejet et l’indignation face aux intentions du président Trump » survient au moment où les Etats-Unis et le Mexique traversent leur plus grave crise diplomatique depuis des décennies. Montée en puissance pendant la campagne du candidat républicain, qui avait traité certains Mexicains de « criminels » ou de « violeurs » et accusé d’autres de voler les emplois des Américains, cette crise a éclaté au grand jour peu après la prise de fonction de M. Trump, le 20 janvier.
Son décret en vue de faire construire un mur à la frontière, censé freiner l’immigration illégale, et son intention de le faire financer par le Mexique ont poussé le président mexicain Enrique Peña Nieto à annuler sa visite à Washington prévue pour le 31 janvier. Le président américain veut également renégocier, voire abroger, l’Accord nord-américain de libre-échange (Alena), trop favorable selon lui aux intérêts mexicains.
Depuis, les deux hommes se sont parlés au téléphone et ont convenu que leurs équipes se réuniraient pour sortir de l’impasse. Le chef de la diplomatie mexicaine, Luis Videgaray, s’est d’ailleurs rendu à Washington mercredi. Il s’est félicité d’une « bonne première réunion (…) cordiale (…) respectueuse et (…) constructive » avec le nouveau secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson.
Boycott et patriotisme
Mais dans le pays, la colère persiste et ces dernières semaines, les appels à boycotter les produits américains comme Starbucks, McDonalds et Coca-Cola et à manifester son patriotisme se sont multipliés.
L’administration Trump s’est de son côté engagée à accélérer l’expulsion des immigrants illégaux. Le renvoi jeudi au Mexique de Guadalupe Garcia de Rayos, une femme de 35 ans, mère de deux enfants nés aux Etats-Unis, a particulièrement marqué l’opinion publique. Ce renvoi s’est produit au lendemain d’une visite de routine que Mme Garcia de Rayos avait effectuée auprès des autorités migratoires à Phoenix, dans l’Arizona. Il y a plusieurs années, elle avait été condamnée pour l’usage de faux documents et déclarée expulsable, mais avait bénéficié de l’indulgence des autorités. En réaction, le gouvernement mexicain a invité ses ressortissants à « prendre des précautions et à rester en contact avec le consulat le plus proche pour recevoir l’aide nécessaire face à une situation de ce type ». Le président Peña Nieto s’est engagé à verser 50 millions de dollars aux consulats mexicains aux Etats-Unis afin d’apporter une aide juridique à ses concitoyens vivant dans ce pays.