Le président Gourbangouli Berdimoukhamedov qui dirige le pays depuis 2006, dans un bureau de vote d’Achgabat, la capitale du Turkménistan, le 12 février 2017 | IGOR SASIN / AFP

Jour de vote sans trop de suspense. Les électeurs turkmènes sont appelés aux urnes dimanche 12 février pour prendre part à une élection présidentielle qui devrait assurer largement un troisième mandat à Gourbangouly Berdymoukhamedov qui dirige le Turkménistan, ce pays d’Asie centrale qui est l’un des plus fermés du monde, depuis 2006.

Les bureaux de vote ont ouvert à 7 heures (4 heures du matin en France). Après six heures de vote, la participation dépassait déjà 74 %, a indiqué la Commission électorale centrale. Face au président sortant, huit candidats méconnus sont condamnés à faire de la figuration.

« Le scrutin décidera de l’avenir du peuple au cours des sept prochaines années », a déclaré M. Berdymoukhamedov, venu voter, en famille, dans une école d’Achgabat, la capitale. Après avoir mis son bulletin dans l’urne, il a promis :

« Si je suis élu, notre politique d’amélioration de l’aide sociale pour le peuple sera poursuivie. »

Gourbangouly Berdymoukhamedov est arrivé au pouvoir en 2006 après le décès de son excentrique prédécesseur Saparmourat Niazov dont il était le dentiste personnel, avant d’être nommé ministre de la santé. M. Berdymoukhamedov a été élu une première fois avec 89 % des voix. Puis en 2012, il a été réélu avec un score de 97,14 %.

Un résultat similaire est attendu dans ce scrutin organisé après une campagne électorale extrêmement calme, au cours de laquelle le chef de l’Etat a promis « la prospérité dans le troisième millénaire d’un Turkménistan indépendant et neutre ».

Vers un règne à vie ?

La statue en or à l’effigie de Gourbangouly Berdymoukhamedov, le premier monument du pays célébrant le président, lors de la cérémonie d’inauguration, le 25 mai 2015, à Achgabat, la capitale | IGOR SASIN / AFP

Cette élection, dans ce pays riche en gaz et comptant cinq millions d’habitants, majoritairement musulmans, arrive quelques mois après une révision constitutionnelle qui, en septembre, a étendu de cinq à sept ans le mandat présidentiel et supprimé la contrainte d’âge maximal des candidats.

Pour les experts, ces changements sont le signe que le président Berdymoukhamedov se prépare à un règne à vie, à l’image de Saparmourat Niazov. Le chef de l’Etat a d’ailleurs repris le culte de la personnalité, rappelant celui de la Corée du Nord, que son prédécesseur avait instauré.

Des statues en or à l’effigie des deux hommes ont été construites à Achgabat, où les revenus issus des hydrocarbures ont permis l’édification d’immenses palais de marbre blanc ou la création d’un aéroport en forme d’oiseau qui a coûté plus de deux milliards de dollars.

Internet contrôlé par le gouvernement

Dans un rapport publié mardi, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a estimé que M. Berdymoukhamedov avait pris « quelques modestes mesures pour renverser certaines des décisions néfastes » de Niazov tout en conservant le caractère répressif qui caractérisait le régime de son prédécesseur.

Bien que les Turkmènes aient désormais accès à Internet, interdit sous le règne de Niazov, le réseau est sévèrement contrôlé et le gouvernement a mené une campagne pour couper les télévisions étrangères regardées via satellite par les Turkmènes, note HRW. « Les électeurs ne peuvent pas donner leur opinion sur les élections de façon ouverte et sans peur », poursuit l’ONG internationale.