7/15 La poubelle « intelligente » d’Insignia Innovation à la recherche de financement
7/15 La poubelle « intelligente » d’Insignia Innovation à la recherche de financement
Par Lisa Burek
Que sont devenus les quinze lauréats des premiers prix de l’innovation urbaine Le Monde - Smart Cities attribués en avril 2016 ? Ce septième article évoque le devenir du projet corse Insignia Innovation, un compacteur de déchet à l’énergie solaire, toujours en recherche de financement.
Insignia Innovation
Les performances françaises pour la gestion de déchets sont à la traîne. En moyenne, 40 % de déchets sont recyclés en France, contre 44 % dans les pays européens, selon le rapport 2017 de la Cour des comptes. Le projet corse Insignia Innovation - une poubelle trieuse, compacteuse, « intelligente, connectée », et mue à l’énergie solaire - ambitionne d’apporter sa pierre à l’édifice mais peine à trouver un financement. « On n’a pas encore rencontré de mécènes intéressés, on est toujours en recherche de fonds, à hauteur de 500 000 euros », constate Paul Miniconi, 43 ans, entrepreneur basé à Bastia.
Le projet avait séduit la Caisse de développement corse (CADEC) : elle a accordé, en juin 2015, un prêt à taux zéro, à hauteur de 60 000 euros, aux trois protagonistes d’Insignia Innovation - Cédric Pietrotti, à l’initiative de l’idée, Marc Simeoni et Paul Miniconi. Ils ont alors pu fabriquer à Nice un premier prototype, primé en avril 2016 dans la catégorie Prix de l’Habitat Le Monde - Smart Cities.
Le modèle, d’une capacité de 140 litres, compacte en moyenne sept fois plus de déchets qu’une poubelle ordinaire, assurent ses concepteurs. Equipé d’un logiciel, le compacteur peut se connecter aux entreprises de collecte des déchets et émettre un signal quand elle est pleine. Le directeur général de la CADEC, Jean-Michel Catani, y a notamment vu « une innovation en ce qui concerne le tri, véritable enjeu de territoire en Corse ». L’entourage des trois comparses a également misé sur le projet. « Ce sont les 3C, raconte Paul Miniconi, les copains, les cousins… et les cinglés ! ».
Insignia Innovation
Insignia Innovation a démarché plusieurs villes, dont Menton, Lille et Toulouse, sans résultat concret jusqu’à présent. « Le problème, c’est qu’il faut pouvoir répondre à des appels d’offres dans ce secteur, or ceux-ci sont rares », dit Paul Miniconi. Autre difficulté, la start-up bastiaise a un concurrent de taille apparu avant elle sur le même marché. Depuis quinze ans, la poubelle américaine Big Belly compacte aussi les déchets en fonctionnant à l’énergie solaire. Quelque 17 000 de ses appareils ont été installés, dont 1 600 en Europe. Son prix est moins élevé : entre 3 000 et 3 900 dollars (2 800 et 3 670 euros) pour Big Belly, contre environ 5 000 euros hors taxes chez Insignia Innovation.
Paul Miniconi garde espoir. « Les poubelles Insignia Innovation ont une meilleure autonomie solaire et peuvent se greffer directement aux camions releveurs, contrairement à Big Belly qui doit être relevée à la main », assure-t-il. Mais, prudent, il s’est associé à un autre projet innovant - Volpy, start-up qui rachète et recycle les smartphones des particuliers - qu’il a présenté en janvier au Consumer Electronic Show (CES) 2017 de Las Vegas.