Désorientation scolaire
Désorientation scolaire
Par Joël Morio
Récompensée au festival Longueur d’ondes, la série documentaire « Y’a deux écoles », de Delphine Saltel évoque le dilemme d’une mère face au choix entre enseignement public et privé.
Le quatorzième festival Longueur d’ondes, qui s’est tenu à Brest du 31 janvier au 5 février, a récompensé Delphine Saltel pour sa série documentaire intitulée Y’a deux écoles. Disponible sur Arte Radio, ce feuilleton de quatre épisodes raconte les doutes de la journaliste sur la qualité de l’école maternelle publique où sont scolarisées ses deux petites filles.
Cette « bobo de gauche », comme elle se définit elle-même, est écartelée entre ses convictions profondes qui la poussent à mettre ses enfants dans l’école de la République et ses craintes de mère de voir l’avenir de ses rejetons pénalisé par le niveau de la classe qu’ils fréquentent. Car l’établissement du 14e arrondissement de Paris dans lequel ils se rendent est boudé par l’élite. Résultat, ce sont les enfants d’immigrés qui composent l’essentiel des effectifs alors que l’école privée du quartier attire ceux des milieux favorisés.
Delphine Saltel a pris beaucoup de risques pour ce documentaire : un sujet qui dérange, une écriture à la première personne, la mise en scène de sa propre famille… Elle réussit toutefois à sortir des sentiers battus du politiquement correct ou de la caricature, parvient à éviter les clichés, et ne mue pas en donneuse de leçon. Surtout, elle garde l’auditeur en haleine sur la décision qu’elle va adopter.
« Filandreux »
Delphine Saltel assume pleinement le côté personnel de cette enquête menée pendant plusieurs mois : « Quand on parle de l’école, ça devient très vite filandreux et on reste dans quelque chose de général », observe cette ancienne prof d’un quartier difficile de Meaux (Seine-et-Marne). La journaliste, qui travaille aussi pour l’émission de France Culture « Les Pieds sur terre », va d’ailleurs se saisir de son passé pour une prochaine enquête, en partant à la recherche de ses anciens élèves pour savoir ce qu’ils sont devenus.
Le festival Longueur d’ondes a aussi récompensé (Prix Tout Court), Pas si bêtes, la chronique du monde sonore animal, une série de 40 chroniques réalisées en partenariat avec la sonothèque du Museum national d’histoire naturelle, diffusée au cours de l’été 2016 sur France Culture. En quelques minutes, Céline Du Chéné traçait le portrait d’animaux à travers les bruits qu’ils émettent. Le Prix SACD de la fiction radio d’humour a été attribué à Florent Barat, Sébastien Schmitz et le collectif Wow pour Beaux jeunes monstres et le Prix Longueur d’ondes de la création documentaire, catégorie « petites ondes » est revenu à Théo Boulenger pour Avec le vent.