Le Medef accepte de rouvrir une négociation sur l’assurance-chômage
Le Medef accepte de rouvrir une négociation sur l’assurance-chômage
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Le refus patronal de toute forme de modulation de cotisation pour les contrats courts avait fait échouer les négociations en juin 2016, dans un climat alors parasité par la loi travail.
La négociation entre partenaires sociaux, ici réunis pour écouter les vœux de Franoois Hollande, avait échoué en juin suite au refus du patronat de moduler la taxation des contrats courts. | © POOL New / Reuters / REUTERS
Le conseil exécutif du Medef a donné lundi 13 février son accord pour rouvrir la négociation sur l’assurance-chômage, alors que les partenaires sociaux doivent se rencontrer mercredi, a annoncé l’organisation patronale dans un communiqué.
L’instance « a donné mandat à Alexandre Saubot [président du pôle social du Medef] pour ouvrir une négociation avec les organisations syndicales afin de proposer une réforme ambitieuse, pérenne et qui permette de résoudre le déficit structurel de l’assurance-chômage », selon le communiqué.
Le Medef ne précise pas le contenu du mandat de M. Saubot, mais rappelle « l’impérieuse nécessité de ne pas alourdir le coût du travail » et « le besoin de flexibilité de notre économie ».
C’est le refus patronal de toute forme de modulation de cotisation pour les contrats courts (CDD, intérim) qui avait fait échouer les négociations en juin 2016, dans un climat alors parasité par la loi travail.
Le gouvernement pousse à la reprise de négociations
Après cet échec – une première depuis 1982 – le gouvernement avait dû prolonger la convention signée en 2014, mais n’a eu de cesse de pousser les partenaires sociaux à se remettre autour de la table, alors que le régime affiche un déficit de plus de 4 milliards d’euros et une dette de 30 milliards.
En novembre, la ministre du travail, Myriam El Khomri, s’était montrée favorable à un système de bonus-malus pour les contrats courts « qui coûtent à l’Unedic 6,2 milliards d’euros et génèrent une précarité pour les demandeurs d’emploi ».
L’organisation patronale appelle par ailleurs l’Etat à « prendre ses responsabilités », notamment concernant l’indemnisation des travailleurs « frontaliers » et le « financement de Pôle emploi ». L’opérateur public est financé pour deux tiers par l’Unedic, le gestionnaire paritaire du régime, à hauteur de plus 3 milliards d’euros par an.
Syndicats et patronat ont repris contact en décembre, mais dans un cadre informel, pour établir un « diagnostic partagé » du marché du travail et du régime d’assurance-chômage. La dernière des réunions est prévue mercredi, et une décision devrait être prise à son issue.
Diverses études d’experts ont été présentées lors des réunions, dont plusieurs sur les contrats précaires, qui « ont montré que c’est bien le cœur du problème », selon Eric Courpotin, de la CFTC. Une étude de l’Unedic a notamment révélé que les CDD de moins d’un mois avaient explosé en quinze ans, passant d’un peu plus de 1,5 million par trimestre à plus de 4 millions.
Les secteurs des arts et spectacles, l’édition et l’audiovisuel, le secteur de la santé, l’hôtellerie-restauration et l’immobilier sont parmi les plus gros utilisateurs de ces contrats de moins d’un mois, voire de quelques jours.
Plusieurs syndicats ont dénoncé la volonté d’une partie du patronat de « jouer la montre » avant l’élection présidentielle.
L’Unedic indemnise 2,7 millions de demandeurs d’emploi. Selon ses propres prévisions elle devrait afficher un déficit de 3,8 milliards d’euros cette année et une dette cumulée de 33,8 milliards d’euros en fin d’année.