Marine Le Pen, le 5 fevrier 2017, à Lyon. | CYRILL BITTON / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE

Deux semaines après l’arrestation violente et le viol présumé de Théo L. par des policiers, le 2 février à Aulnay-sous-Bois, et alors que les manifestations contre les violences policières ne faiblissent pas en banlieue, l’affaire a sans conteste pris un tournant politique. A un peu plus de deux mois du premier tour de la présidentielle, le Front national a développé une rhétorique bien à lui pour évoquer le sujet ; sa présidente, Marine Le Pen, a donné le ton dès ce week-end.

Plutôt que de se prononcer contre le viol présumé commis par les forces de l’ordre, la candidate d’extrême droite à la présidentielle a insisté sur les débordements observés samedi 11 février devant le tribunal de Bobigny.

Selon Marine Le Pen, interrogée dimanche 12 février sur i-Télé, « un certain nombre de voyous, et même un nombre certain de voyous, cherche chaque excuse possible pour déverser leur haine de la France, de l’Etat de droit, des forces de police, en brisant, en cassant, en brûlant, en attaquant les forces de l’ordre… »

Dénonçant ce qu’elle tient pour du « laxisme » et de « l’impunité », Marine Le Pen considère qu’« aucune leçon n’a été tirée depuis les émeutes de 2005 ». « Nous dansons sur un volcan depuis des années », dit-elle, avant de rappeler les propositions du FN pour la campagne présidentielle : mettre en place « quinze mille policiers supplémentaires » et procéder à « un réarmement matériel ».

Faisant allusion à la voiture incendiée lors de la manifestation à Bobigny, Mme Le Pen ajoute :

« Les Français n’en peuvent plus de voir détruit, brûlé, saccagé ce qu’ils ont tant de mal à payer par leurs impôts ! »

« Soi-disant manifestants »

Sur la même ligne que sa tante, Marion Maréchal-Le Pen a également préféré prendre la défense des policiers. Sur France 2, la députée FN du Vaucluse dit ne pas comprendre les revendications des habitants qui protestent contre les violences policières à leur encontre. « Je ne crois pas que ce soit leur rendre service que de leur expliquer que finalement, ils sont victimes d’amalgame et de stigmatisation », a-t-elle considéré mardi 14 février.

Et d’ajouter, à propos de ceux qu’elle appelle les « soi-disant manifestants » :

« Ça peut arriver, lorsque ça arrive il faut qu’il y ait sanction derrière, mais en l’état je crois qu’ils se fichent pas mal du cas de Théo et je crois qu’en fait, c’est un prétexte utilisé pour pouvoir s’amuser, piller, agresser. »

Se présentant comme « une élue dans un secteur rural » et récusant « cette politique de l’excuse qui voudrait que ce soit systématiquement la société, le racisme, la pauvreté, qui soient à l’origine de la délinquance », la parlementaire d’extrême droite finit ensuite par opposer habitants des banlieues et ruraux, estimant que « la vraie pauvreté aujourd’hui en France […], elle est dans la ruralité et je ne vois pas pour autant ces chômeurs des campagnes brûler des voitures ou agresser des gens ».

Même tonalité clivante de la part de Nicolas Bay, secrétaire général du FN, qui s’est également exprimé mardi 14 février. Sur RMC, le dirigeant prône des sanctions plutôt que toute autre solution : « Il ne s’agit pas d’apaiser les tensions en banlieue mais de régler le problème avec une absolue fermeté. »

Evoquant des « racailles » et des quartiers où prévaudrait « la loi des barbus » ou celle des « dealeurs », Nicolas Bay parle d’« émeutes » plutôt que de manifestations. Et s’en prend aussi au président de la République, qui s’est rendu le 7 février au chevet de Théo L., à l’hôpital d’Aulnay-sous-Bois : « Des centaines de policiers ont été blessés très gravement. On ne voit jamais François Hollande à leur côté. »