Tour de France : Lance Armstrong de retour « sur les lieux du crime »
Tour de France : Lance Armstrong de retour « sur les lieux du crime »
Par Henri Seckel (Lannemezan, Hautes-Pyrénées)
Le septuple vainqueur déchu de la Grande Boucle courra deux étapes avec 24 heures d’avance pour une opération caritative.
Une décennie s’est écoulée depuis la dernière des sept victoires sur le Tour qui lui ont finalement été retirées (1999-2005), et Lance Armstrong parvient encore à faire parler de lui sur la Grande Boucle. Banni à vie du cyclisme en 2012, quelques mois avant ses aveux télévisés, l’Américain désormais âgé de 43 ans devait courir, jeudi 16 et vendredi 17 juillet, les 13e et 14e étapes du Tour 2015, de Muret à Rodez, puis de Rodez à Mende.
Mais pas question pour le peloton d’accueillir à nouveau celui qui en fut longtemps « le Boss » : c’est aux côtés de dix cyclistes amateurs, et avec 24 heures d’avance sur les 177 professionnels encore en course, que « LA » devait parcourir les deux étapes en question, dans le cadre d’une opération caritative baptisée « Le Tour, one day ahead » (« Le Tour, un jour avant »), destinée à lever des fonds pour l’association « Cure Leukaemia » (« Soigner la leucémie »).
Cinq ans après son ultime Tour, achevé à la 23e place, revoici donc l’Américain à vélo sur les routes de France. « C’est un non-événement », a réagi mercredi Chris Froome, qui commence peut-être à en avoir marre qu’on lui parle tous les jours d’Armstrong, à qui il a avait été comparé mardi, après sa démonstration dans la première étape de montagne. « Il n’est pas sur la ligne de départ de l’étape, on ne le verra pas », a poursuivi le maillot jaune du Tour, qui a apporté son soutien à « une cause qui [lui] tient à cœur », notamment parce que sa mère est elle-même morte d’une leucémie, et qui a souhaité « bonne chance » à l’Américain dans sa quête d’argent.
Si Christian Prudhomme, le directeur du Tour, a botté sur le bas-côté en expliquant qu’il y avait « tellement de gens qui veulent faire le Tour un jour avant… », plusieurs directeurs sportifs ont fait part de leur courroux, notamment Jean-René Bernaudeau, manageur de l’équipe Europcar, pas vraiment ravi de voir Armstrong « revenir sur les lieux du crime ».
Brian Cookson, président de l’Union cycliste internationale (UCI), avait exprimé ses réticences dès le mois de mars, en ces termes : « C’est un manque de respect pour le Tour, pour les autres coureurs, pour l’UCI et tous les gens qui se battent contre le dopage. Je pense que Lance pourrait trouver un moyen plus adapté que celui-ci pour lever des fonds. »
« Je conçois que certains aient du mal à accepter son soutien, reconnaît Geoff Thomas, ancien footballeur anglais de 50 ans, atteint d’une leucémie qu’il a vaincue, et à l’origine de l’opération « Le Tour, one day ahead ». Mais mon calcul est simple : si son implication peut aider à sauver une vie supplémentaire, alors cela ne peut être qu’une bonne chose. »
Après l’histoire si complexe, parfois empreinte de haine, entre Armstrong et la France, le Texan n’a pas l’air de s’inquiéter d’un éventuel accueil houleux du public. « Je me trompe peut-être – et je me suis souvent trompé dans ma vie – mais je suis allé en France depuis que tout cela est arrivé, expliquait-il le mois dernier. Les gens pensent que j’ai une mauvaise relation avec le pays, mais moi, j’aime aller là-bas. Comme partout, certaines personnes sont sympa, d’autres non. »
Armstrong avait préparé son retour sur la Grande Boucle, en livrant quelques commentaires remarqués sur la performance de Chris Froome. « Froome/Porte/Sky sont très forts, c’est clair. Trop forts pour être propres ? Ne me posez pas la question, je n’en ai aucune idée », a-t-il twitté mardi soir, ajoutant qu’une première étape de montagne et un lendemain de journée de repos étaient « imprévisbles ». Deux certitudes : « Le Tour de Nibali a l’air terminé », et « Le Tour n’est pas fini, il reste une tonne de courses à faire ».
Vingt-quatre heures avant de livrer ses premières conclusions, « LA » s’était fendu d’une première intervention sur le Tour 2015, en apportant son soutien à Ivan Basso, qui venait d’apprendre qu’il était atteint d’un cancer des testicules, comme Armstrong lui-même en 1996. « Je pense à Ivan Basso, et je lui souhaite le meilleur dans ce voyage contre le cancer », avait écrit l’Américain, qui concluait son message ainsi : « #IvanSTRONG !! »