Trois vacanciers et leur moniteur tués dans une avalanche à Tignes
Trois vacanciers et leur moniteur tués dans une avalanche à Tignes
Par Chloé Marriault
Les quatres snowboarders, dont trois membres d’une même famille, étaient à pied, dans une zone hors piste proche des remontées.
C’est l’avalanche la plus meurtrière depuis le début de la saison, alors même que les stations font le plein en cette période de vacances scolaires. Parties pour une sortie en snowboard hors-piste, quatre personnes ont été ensevelies par une avalanche à Tignes, dans la matinée de lundi 13 février. Un moniteur de 59 ans, un père de famille de 48 ans accompagné de son fils de 15 ans et du demi-frère de celui-ci âgé de 19 ans ont perdu la vie.
L’itinéraire où s’est déclenchée l’avalanche, sur le hors-piste de Tovière, situé à plus de 2 000 mètres d’altitude et à quelques dizaines de mètres seulement des remontées mécaniques, « avait déjà été emprunté une première fois le jour même par ces snowboarders », a détaillé la municipalité dans un communiqué. Le risque d’avalanche était ce jour-là de 3 sur 5. A ce niveau, pour Météo France, les déclenchements d’avalanches sont« possibles, parfois même par faible surcharge », avec par exemple un skieur isolé.
« Professionnel expérimenté »
Les quatre surfeurs « effectuaient une traversée à pied » avec leurs snowboards à la main au moment où ils ont été emportés par une plaque à vent, a précisé le sous-préfet. Ils ont été ensevelis sous la coulée de neige qui a parcouru 400 mètres. Pour Daniel Goetz, nivologue à Météo France, le fait d’avoir été à pied a pu augmenter la probabilité « de déclenchement accidentel par surcharges ». « La charge est plus concentrée qu’en ski, explique-t-il. Cela a également pu être amplifié s’ils se suivaient de près. »
La famille, originaire du sud de la France, venait régulièrement dans la station et connaissait le moniteur de l’Ecole du ski français (ESF), indique Jean-Christophe Vitale, maire de Tignes et directeur de l’ESF Tignes Val Claret. Celui-ci était un « professionnel expérimenté qui avait équipé ses élèves de détecteurs de victimes d’avalanche [DVA], précise le maire. Il connaissait extrêmement bien la station. Mais le risque zéro n’existe pas et cet accident nous rappelle à l’humilité face à la montagne. » Une chapelle ardente a été dressée dans l’église de Tignes pour rendre hommage aux victimes.
La veille de ce drame, une personne avait déjà perdu la vie en Haute-Savoie lors d’une avalanche. Dans de nombreuses stations, de nouvelles coulées de neige sont à craindre en raison d’un manteau neigeux fragile. Sa base est constituée des premières chutes de neige hivernales, tombées avant mi-décembre. « Durant la très longue période de beau temps sec qui a régné quasiment jusqu’à la mi-janvier, cette neige s’est progressivement transformée en grains de neige de très faible cohésion », explique Daniel Goetz. Et d’ajouter : « Les plus grandes craintes étaient à redouter si de nouvelles chutes de neige venaient à se déposer sur cette couche fragile, ce qui s’est produit début février. »