Après Toulouse 3 et Orléans, l’université de Limoges à l’heure des restrictions
Après Toulouse 3 et Orléans, l’université de Limoges à l’heure des restrictions
Par Camille Stromboni
L’établissement a voté, avec deux mois de retard, un budget réduit pour l’année 2017, afin de retrouver l’équilibre après deux années en déficit. La solution n’est que provisoire.
Université de Limoges (site de l’IUT) | Philippe Laurençon Université de Limoges
Confrontées au boom démographique, avec 30 000 étudiants de plus par an, et à une progression de leurs charges, de nombreuses universités mettent en place des mesures de restriction pour tenter de rester à l’équilibre. A l’université de Limoges, qui compte 15 500 étudiants et a connu une augmentation d’un millier d’étudiants lors des trois dernières années, 43 postes ne seront pas remplacés en 2017 et une coupe de 17 % dans l’enveloppe de l’offre de formation a été décidée le 17 février, lors du vote du budget.
Déjà en déficit en 2015, de 400 000 euros – qu’elle a dû piocher dans ses réserves – l’université prévoit un résultat encore plus critique pour l’année 2016, avec 1,4 million d’euros à combler, pour un budget global d’environ 157 millions d’euros. D’où l’urgence de redresser franchement la barre, comme l’ont déjà fait ces derniers mois les universités de Toulouse 3 (Paul Sabatier), d’Orléans ou encore de Dijon.
Ce vote du budget 2017 à Limoges aurait dû avoir lieu en décembre dernier, mais il a été reporté afin d’avoir une vision plus claire de la situation financière, qui s’est aggravée plus fortement que prévu en fin d’année, mais aussi pour trouver un accord avec l’Etat, qui a demandé à l’université d’aller plus loin dans ses économies. L’établissement a dans un premier temps envisagé, comme les années précédentes, de supprimer une trentaine d’emplois, sur la centaine de postes actuellement vacants.
« Les conditions d’études vont encore se dégrader »
« Les conditions d’études vont forcément encore se dégrader, dénonce Abdoulaye Biarra, vice-président chargé des questions universitaires à l’Union nationale des étudiants de France (UNEF). Avec des conséquences très concrètes pour les étudiants, puisqu’ils auront moins d’heures de formation et des options en moins. C’est une spirale dans laquelle beaucoup d’établissements s’enferment, et qui va se produire encore dans d’autres, car l’université a besoin d’un investissement plus important de l’Etat pour fonctionner normalement. »
Le président de l’université, Alain Célerier, se veut rassurant quant à la qualité des formations : il restait d’après lui des marges de manœuvre dans l’offre actuelle, trop coûteuse par rapport au potentiel enseignant de l’établissement. Mais si ce plan doit permettre de retrouver une situation saine d’ici à 2019, cela ne suffira pas à long terme, reconnait-il :
« Nous réduisons toutes les dépenses au maximum, mais l’augmentation mécanique de notre masse salariale va se poursuivre [dénommée « glissement-vieillesse-technicité », dû à l’évolution de carrière des fonctionnaires, dont l’université est l’employeur depuis son passage à l’autonomie]. Etant donné la pyramide des âges de nos personnels, cela représente environ 1,5 million d’euros de plus automatiquement chaque année, durant la prochaine décennie. C’est la principale cause de la dégradation de notre situation financière. »