Il n’est pas simple pour la presse de suivre les déplacements de Marine Le Pen à l’étranger. En 2011, la présidente du Front national avait accusé les médias de parasiter une visite qu’elle effectuait aux Etats-Unis pour rencontrer des hommes politiques et des diplomates. La chef de file de l’extrême droite française peine encore à être reçue par des responsables de premier plan hors du territoire national.

Depuis, la candidate à l’Elysée ne prévient pas les journalistes de ses déplacements, ou bien sélectionne sans grande transparence ceux qui pourront l’accompagner. C’est le cas, notamment, avec le voyage que Mme Le Pen doit effectuer au Liban, lundi 20 et mardi 21 février, en compagnie du député du Gard Gilbert Collard.

Selon nos informations, la fille de Jean-Marie Le Pen doit rencontrer successivement, lundi, le président libanais Michel Aoun, le premier ministre Saad Hariri et le ministre des affaires étrangères Gebran Bassil. Mardi, la présidente du FN est censée s’entretenir avec le patriarche maronite Bechara Boutros Rahi, puis avec le leader chrétien Samir Geagea. Des rencontres de haut niveau dont la préparation s’accompagne d’une forme de secret côté frontiste, alors que des sources officielles libanaises confirmaient, dès le mercredi 15 février, les entrevues avec MM. Aoun et Hariri.

Sans informations

Dans un premier temps, la candidate du FN a proposé à deux journalistes de BFM-TV et France 2 de l’accompagner dans son voyage. Mais a laissé le reste des médias sans informations. En règle générale, les candidats ou responsables politiques préviennent l’ensemble de la presse de leurs déplacements. Et, dans certains cas, le nombre de journalistes peut être réduit à un simple « pool », avec des représentants sélectionnés parmi des médias audiovisuels et de presse écrite. Ces derniers doivent ensuite répartir les images, les sons et autres citations à leurs confrères restés en marge du déplacement.

Jeudi soir, peu avant 20 heures, le parti d’extrême droite a fini par publier un communiqué de presse pour annoncer le voyage libanais. Ainsi que la composition d’un « pool », qui regroupe BFM-TV, Europe 1 et l’agence Reuters. Seul hic, ce dernier a été négocié sans en informer de nombreuses rédactions, comme Radio France ou Le Monde, qui n’ont jamais été sollicités.

France 2 s’étant désisté, la journaliste de BFM-TV a proposé à certains confrères de se joindre au voyage, dans une voiture de location. Et s’est proposée de centraliser leurs passeports. Des pratiques qui en ont surpris certains car l’organisation d’un déplacement est normalement assurée par les équipes des candidats. Le 24 janvier, la présidente du FN s’était rendue au camp de Grande-Synthe (Nord) sans prévenir les médias, à l’exception de BFM-TV et de RMC.