A la Cité universitaire de Paris, l’éphémère en son jardin
A la Cité universitaire de Paris, l’éphémère en son jardin
Par Jean-Jacques Larrochelle
Un concours est ouvert aux jeunes architectes, urbanistes ou paysagistes afin de réaliser des créations originales.
Le concours « Jardins du monde en mouvement » est simple et efficace. La Cité internationale universitaire de Paris (CIUP), dans le 14e arrondissement, propose à des architectes, urbanistes ou paysagistes (étudiants ou professionnels ayant moins de dix ans d’expérience) de concevoir pour l’été à venir des réalisations éphémères dans les jardins de la CIUP. Cinq projets seront retenus, chacun doté de 8 000 euros, grâce, notamment, au soutien de la Caisse des dépôts et consignations.
« Imaginées sur le thème de la nature en ville », expliquent les promoteurs de l’appel à candidatures, ces réalisations in situ doivent respecter trois conditions : dialoguer avec les architectures de la Cité, respecter l’identité stylistique des maisons voisines (Maisons du Japon, de l’Inde, etc.) et comporter au moins une dimension liée au développement durable (matériaux biosourcés, récupération des eaux pluviales, niches écologiques…). Date et heure limite d’envoi du dossier de candidature : le 15 mars à minuit.
Durant la première quinzaine d’avril, les candidats à l’éphémère, lauréats du concours « Jardins du monde en mouvement », seront invités pour une visite technique sur le site afin de lever toutes les questions liées à l’installation de leurs créations. Les œuvres devront être installées et achevées le 16 juin à 10 heures tapantes.
Ce concours inédit complète la palette déjà riche des initiatives urbaines et constructives de l’institution créée au début des années 1920. Dans la bordure sud du cœur de Paris et dans un cadre privilégié où la végétation occupe une place majeure, la CIUP est un laboratoire, à la fois de prestige et ouvert à tous. Elle est actuellement occupée par 12 000 étudiants de 130 nationalités, répartis dans 40 maisons. Le domaine doit connaître dans les années à venir une forte élévation de sa densité. D’ici à 2020, la Cité U devrait construire 1 800 logements de plus, augmentant ainsi sa population de 30 %.
Un système à énergie positive
En 2011, un accord financier entre la ville et la Chancellerie de la Cité a permis que soient dégagés 16 000 m2 supplémentaires sur la bordure sud. Plusieurs nations ont été candidates pour s’y installer. Le chantier de la maison de Corée du Sud a déjà commencé, qui sera suivi par celui de la Chine. Avec le pavillon Habib Bourguiba, la Tunisie prévoit d’ouvrir une deuxième maison à la rentrée 2019. Quant à la Ville de Paris, qui gère le pavillon Victor Lyon, elle devrait également édifier deux nouvelles résidences.
Certaines maisons ont déjà augmenté leur capacité d’accueil. L’extension en bois de la maison de l’Inde, et sa façade en courbe convexe, réalisée en 2013 par l’agence Lipsky et Rollet, en est le plus probant exemple. D’autres, ex-nihilo, sont sur le point d’être achevées telle la maison de l’Île de France signée par Nicolas Michelin. Ouvrant sur le parc, mais dont l’une des façades est en surplomb du périphérique, porte de Gentilly, elle est dotée d’un système à énergie positive devant assurer 80 % des besoins thermiques.
Le pavillon de l’Iran, devenu la Fondation Avicenne en 1972, lors de sa construction en 1968. | L/OBLIQUE/CIUP
Constructions, mais aussi réhabilitations. Dernier exemple, au nord, le collège néerlandais (1928-1938), œuvre majeure de Willem Marinus Dudok (1884-1974) classée aux monuments historiques depuis 2005, a retrouvé en mai 2016 son élégante géométrie moderniste grâce au travail de l’architecte en chef des monuments historiques, Hervé Baptiste, et des architectes du patrimoine, Radu Medrea et Marc Ferauge. Sur la bordure opposée de la Cité, au sud, l’ancien pavillon de l’Iran (1969), devenu Fondation Avicenne en 1972, aujourd’hui inoccupée et percluse d’amiante, doit faire l’objet d’une étude en vue de son lifting complet.
Constitué de trois hauts portiques noirs de 38 mètres portant deux caissons d’habitation suspendus, ce bâtiment expérimental, mené par l’architecte Claude Parent (1923-2016), a été inscrit aux Monuments historiques en octobre 2008. En dépit de ce statut et en raison de son relatif abandon, il est toujours coiffé d’un énorme logo publicitaire très visible lorsque l’on emprunte depuis l’ouest le périph’. En avril 2013, dans un pavillon carré de plain-pied installé à la base de la Fondation Avicenne, s’est ouvert L/OBLIQUE : passionnant centre de ressource et de valorisation du patrimoine de la Cité universitaire. Gageons que le concours « Jardins du monde en mouvement » entrera dans la mémoire des lieux.
L’appel à candidatures est disponible sur le site CIUP.fr