Des médias camerounais dénoncent les pressions de Yaoundé sur le traitement de la crise anglophone
Des médias camerounais dénoncent les pressions de Yaoundé sur le traitement de la crise anglophone
Le Monde.fr avec AFP
Des journalistes ont été arrêtés et sont portés disparus selon des organisations de défense des droits humains camerounaises.
Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) a dénoncé, mardi 22 février, les pressions des autorités sur les médias dans le traitement des revendications de la minorité anglophone face au pouvoir de Yaoundé.
Le 20 janvier, le Conseil national de la communication (CNC) organe régulateur des médias, avait menacé de sanctionner les entreprises de presse diffusant des discours favorables au séparatisme ou au fédéralisme que revendiquent certains leaders de cette minorité.
« La censure est abolie »
« L’injonction du CNC est une tentative ouverte d’influencer le traitement de l’information par les médias. Les professionnels nulle part ne l’accepteront, a déclaré le président du SNJC, Denis Nkwebo, lors d’une conférence de presse. Nous avons demandé aux journalistes (…) de traiter des questions de fédéralisme, de traiter des questions de sécessionnisme, seulement en faisant largement écho à toutes les opinions sur ces questions. »
De son côté, Edmond Kamguia, chef du service politique au quotidien Nouvelle Expression déplore un communiqué du CNC aux « relents politiques ». « Lorsqu’on demande aux journalistes, aux médias, de ne pas faire l’apologie du fédéralisme et de la sécession, de ne même pas aborder ces questions-là, c’est une manière de censurer la presse camerounaise », a déclaré M.Kamguia. Et d’ajouter : « Depuis une loi de janvier 1996, la censure est abolie au Cameroun. »
Arrestations et disparitions
Par ailleurs, la directrice du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac), Maximilienne Ngo Mbe, a pointé la disparition de « 25 personnes qui ont été arrêtées » dans les régions anglophones du pays. « On demande à l’Etat du Cameroun de publier les noms (et) s’ils sont en vie, de nous dire où ils se trouvent », a-t-elle déclaré.
Depuis novembre, la contestation a gagné le nord-ouest et le sud-ouest du Cameroun, les deux régions anglophones (sur les dix que compte le pays) traditionnellement frondeuses envers le régime du président Paul Biya.
La minorité anglophone – environ 20 % de la population, estimée à 22 millions – se dit marginalisée. A la suite des manifestations en décembre 2016 et en janvier, le gouvernement a coupé Internet dans les deux régions.