Une mutation du virus H7N9 a été détectée en Chine
Une mutation du virus H7N9 a été détectée en Chine
Par Simon Leplâtre (Shanghaï, correpondance)
L’agent pathogène a tué 87 personnes en deux mois. Le nouveau variant se propagerait plus vite chez les volailles.
Un patient infecté par le virus est traité à l’hôpital de Wuhan (Chine), le 12 février. | STR / AFP
Alerte à la grippe aviaire en Chine : les autorités sanitaires ont publié plusieurs mises en garde, lundi 20 et mardi 21 février, devant l’accélération de la diffusion du virus de la grippe aviaire H7N9. La découverte d’une mutation du virus chez plusieurs patients infectés en janvier fait craindre une propagation plus rapide chez les volailles, mais ne semble pas augmenter le risque de transmission entre humains.
Le virus a déjà été détecté dans 16 provinces et municipalités chinoises, d’après la Commission nationale pour la santé et le planning familial. C’est la plus forte flambée virale depuis l’apparition de la souche H7N9 dans le pays en 2013. D’après la Commission, 87 personnes infectées sont décédées depuis le début de l’année, et plus d’une centaine au cours de l’hiver 2016-2017, dont 79 décès pour le seul mois de janvier, sur 192 personnes infectées. Les années précédentes, le virus avait fait entre 20 et 31 victimes au mois de janvier.
La commission pour la santé a appelé toutes les provinces de Chine à la vigilance, décrivant la situation comme « contrôlable », a condition de prendre des mesures d’urgence. Les provinces affectées, comme le Jiangsu, le Zhejiang (nord et sud de Shanghai) ou le Guangdong (sud), ont fermé les marchés aux volailles vivantes, très populaires en Chine.
Mesures d’urgence
Les autorités enjoignent aux Chinois de préférer les volailles congelées. « L’habitude, dans certaines localités, d’acheter des poulets vivants, ou fraîchement abattus, a contribué à l’épidémie », indiquait Ni Daxin, directeur adjoint chargé des mesures d’urgence du centre de contrôle des maladies de Chine, le 19 février. Des mesures effectuées dans un marché aux volailles vivantes du Guangdong ont montré que le tiers des bêtes étaient infectées. La plupart du temps, elles ne présentent aucun symptôme.
La cuisson ou la congélation suffisent à tuer le virus, éliminant le risque de contamination alimentaire, néanmoins la manipulation des volailles en amont peut contaminer. « La valeur nutritionnelle [des poulets congelés] est la même que celle des poulets fraîchement abattus, mais cela comporte beaucoup moins de risques pour la santé », expliquait encore Ni Daxin.
La découverte d’une mutation du virus est un sujet d’inquiétude supplémentaire pour les autorités sanitaires chinoises. Le nouveau variant pourrait en effet rendre le virus encore plus virulent chez les volailles. Le centre pour le contrôle des maladies en a informé l’Organisation mondiale de la santé après la découverte de la mutation, en janvier, sur deux patients traités, dans le Guangdong.
Les deux patients avaient manipulé des volailles mortes. L’un des deux a pu quitter l’hôpital, alors que le second est toujours sous traitement. Si cette mutation n’a pas encore pu être étudiée en détail en laboratoire, les premières observations ne suggèrent pas de risque accru de transmission d’humain à humain. Par précaution, des personnes ayant été en contact avec les deux patients ont toutefois été placées en observation. Elles ne présentent pour l’instant aucun symptôme, d’après les autorités chinoises.
La même mutation a également été détectée dans quatre échantillons prélevés sur des volailles, également dans la province du Guangdong. Guan Yi, le directeur du centre de recherche sur les grippes et du laboratoire des maladies émergentes de l’université de Hongkong, parle d’un risque accru pour les volailles. Comme l’a expliqué le chercheur dans le quotidien hongkongais South China Morning Post :
« Avant la mutation, le virus H7N9 pouvait infecter les intestins et les voies respiratoires des poulets. Mais, après mutation, le virus peut évoluer à travers tous les organes. »
Si rien n’indique, pour l’heure, une possible diffusion entre humains, la propagation accélérée du virus chez les animaux augmenterait le risque d’exposition à des bêtes contaminées, et donc le risque de contamination chez l’homme. L’hiver est la période la plus propice à la diffusion de ces virus grippaux.