LA LISTE DE NOS ENVIES

Un Mister Bean en carton, un couturier qui garde ses mystères, un artiste américain adepte de la face sombre de la géopolitique, un sang artificiel aux applications médicales prometteuses : à vous de choisir votre replay du week-end.

Les pérégrinations routières de Mr. Carton

Vibration - Mr Carton #6
Durée : 02:31

On ne saurait être plus clair : Mr. Carton est en carton. Tout comme sa voiture, les routes, les paysages qu’il emprunte et l’entourent. Et Mr. Carton n’en finit plus, aussi, de « prendre des cartons »… de mauvaise conduite. C’est fou tout ce qui peut lui arriver au volant, les embûches qui se dressent sur la route, les imprévus qui retardent et dévient son itinéraire, les ruses qu’il faut employer pour déjouer tous les pièges.

Road-movie burlesque, sans dialogue mis à part l’onomatopée « Ouh la la » de Mr. Carton, cette websérie d’animation gravite avec malice autour de cette grande question : « Mais où va-t-on ? » Et ce, à partir d’un personnage inadapté – une sorte de Mister Bean en carton – qui pourtant continue de se risquer à l’aventure. Entre cols escarpés, circulation aliénée, véhicules imprévisibles et automobilistes bourrés de défaut, il tente de tenir le cap, sans se décourager.

Réalisée par Michaël Bolufer et Fabien Daphy – qui se sont rencontrés autour des tables à dessin de l’école Emile Cohl à Lyon d’où ils sont sortis diplômés de la même promotion en 2001 –, Mr. Carton est diffusée sur la plate-forme Studio 4 éditée par FranceTV nouvelles écritures. Une plate-forme qui propose des webséries originales françaises ou étrangères et qui se définit par la liberté de son offre : aucune contrainte de forme, de durée, de ton ou de sujet ; mais la nécessité de raconter des histoires jamais vues ailleurs… Mr. Carton en est une parfaite illustration. Véronique Cauhapé

Mr. Carton, de Michaël Bolufer et Fabien Daphy (Fr., 2017, Saison 1, 6 x 2 min).

Le mystère Lagerfeld

UN JOUR UN DESTIN : « Karl Lagerfeld, être et paraître » : Bande-annonce
Durée : 00:37

Il semble que plus on creuse le « mystère » Karl Lagerfeld, moins on en découvre sur le flamboyant couturier. Les documentaires et émissions le concernant sont légion, et même « Le Divan », de Marc-Olivier Fogiel, en 2015, n’était pas parvenu à faire ouvrir les grilles du jardin très secret de l’Allemand polyglotte et francophile. Seul le joli film de Loïc Prigent, Karl Lagerfeld se dessine (Arte, 2013), avait, par le truchement de dessins croqués de chic, ouvert quelques lucarnes, vite refermées.

En 1954, tout fraîchement débarqué de sa région hambourgeoise et de son milieu bourgeois natals, le jeune Lagerfeld avait gagné, la même année qu’Yves Saint Laurent, un concours de couture parisien. Les deux hommes seront amis, concurrents, puis se fâcheront. Saint Laurent était un artiste de génie, Lagerfeld un artisan de génie.

Sa fortune, ses multiples collaborations avec des marques de prêt-à-porter, l’étonnante résurrection de la maison Chanel, ses maisons luxueuses, sa relation avec le vénéneux Jacques de Bascher, mort du sida en 1989 : tout cela est un peu fouillé, mais beaucoup moins que dans le livre d’Alicia Drake, paru en 2006, dont Lagerfeld a obtenu la suppression de certains passages pour sa traduction française (Beautiful People, Denoël, 2008).

Mais ce film, qui suit la dramaturgie habituelle d’« Un jour, un destin », touche par des documents photographiques moins connus et quelques intéressants témoignages de proches qui éclairent certaines facettes de l’homme au catogan le plus célèbre de la planète. Renaud Machart

Karl Lagerfeld, être ou paraître, de Serge Khalfon (Fr., 2016, 80 min). Sur Pluzz. francetv jusqu’à dimanche 26.

L’artiste investigateur

Mark Lombardi artiste conspirateur -extrait
Durée : 07:05

Voilà un documentaire étonnamment singulier. Il est vrai que la personnalité et l’œuvre de l’artiste plasticien new-yorkais Mark Lombardi (1951-2000) sont assez uniques : ses toiles – qui sont d’ailleurs plutôt des dessins, parfois de très grandes dimensions, réalisés minutieusement au crayon –, sont constituées de constellations de « planètes » reliées entre elles par des traits, droits ou courbes. Chaque planète concerne un ou plusieurs noms de la finance et de la politique internationales et les connexions tracées mettent en évidence de nombreux conflits d’intérêts et délits d’initiés ainsi que des liens avec des organisations terroristes.

En se fondant sur une documentation soigneusement mise en fiches, Mark Lombardi, obsessionnel et jusqu’au-boutiste, a ainsi, avant tout le monde, mis en relation des noms comme Ben Laden et Bush… Son œuvre se situe à l’étonnante croisée de l’art conceptuel et du journalisme d’investigation. Au point que le FBI s’est intéressé de très près à lui, à ses proches, et que sa mort – officiellement un suicide, dix-sept mois avant les attentats du 11 septembre 2001 – est sujette à caution. C’est ce que suggèrent, à la fin de cet excellent film, la mère de l’artiste et celui qui gère aujourd’hui le fonds de ses œuvres, exposées dans le monde entier. R. Ma.

Mark Lombardi, artiste conspirateur, de Mareike Wegener (All., 2011, 54 min). Sur Arte +7 jusqu’à lundi 27.

En quête de sang artificiel

ARTE.TV

Alors même que les besoins en sang ne cessent de s’accroître avec le vieillissement de la population, le don du sang a tendance à faiblir, les esprits restant méfiants, encore marqués par le scandale du sang contaminé dans les années 1980. Le Graal serait de créer du sang artificiel.

Le documentaire signé du journaliste Carsten Binsack met l’accent sur les recherches incessantes, notamment celles du biologiste breton Franck Zal, qui a trouvé avec le ver marin Arenicola un donneur de sang universel. Si ces travaux sont prometteurs, il reste à les tester sur l’homme.

Une application médicale prometteuse vise à mieux conserver les organes destinés à être greffés, comme le rein. Le produit est actuellement testé sur l’homme, notamment dans l’équipe de Benoît Barrou à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière à Paris. Contrairement à l’hémoglobine humaine, enfermée dans des globules rouges, celle de l’arénicole est extra-cellulaire.

Autre piste de chercheurs allemands, fabriquer du sang artificiel à partir de cellules souches. Et partout, comme à l’hôpital universitaire de Zurich, l’enjeu est d’économiser les produits sanguins et de gérer les stocks au mieux. Pascale Santi

Le Sang : une quête permanente, de Carsten Binsack (All., 2016, 52 min). A revoir sur Arte + 7 jusqu’au mardi 28.