Le nombre de rhinocéros braconnés pour leurs cornes en Afrique du Sud a reculé de 10 % en 2016 par rapport à l’année précédente, selon les chiffres officiels communiqués lundi 27 février, mais il reste à un niveau alarmant pour une espèce menacée d’extinction.

D’après les statistiques gouvernementales, 1 054 rhinocéros ont été tués en 2016, ce qui marque une deuxième année consécutive de baisse du braconnage après le record de 1 215 bêtes abattues en 2014.

Au Vietnam et en Chine

Il ne reste plus qu’environ 18 000 rhinocéros blancs et 2 000 rhinocéros noirs en Afrique du Sud, qui concentre à elle seule plus de 80 % de la population mondiale de ces deux espèces dont les cornes sont convoitées notamment au Vietnam et en Chine pour des raisons médicinales ou ornementales.

Le braconnage a diminué de près de 20 % dans l’emblématique parc Kruger, épicentre de la crise actuelle, avec 662 carcasses retrouvées contre 826 en 2015, malgré une augmentation du nombre d’incursions et d’interactions avec les braconniers, précise le ministère de l’environnement dans un communiqué.

Le gouvernement sud-africain a déployé ces dernières années d’importants moyens paramilitaires dans cette région frontalière du Mozambique et déplacé certains rhinocéros des secteurs les plus exposés vers des parcs jugés plus sûrs à l’intérieur du pays ou à l’étranger.

« Armés jusqu’aux dents »

« Les groupes criminels sont armés jusqu’aux dents, bien financés et liés à des réseaux internationaux qui ne reculent devant rien pour mettre la main sur les cornes de rhinocéros », souligne le ministère.

Si les efforts déployés dans le parc Kruger commencent à porter leurs fruits, les cas de braconnage ont augmenté dans d’autres régions d’Afrique du Sud où les animaux sont moins bien protégés, faisant toujours planer une menace existentielle sur l’avenir du plus ancien mammifère terrestre.

« Le nombre de rhinocéros braconnés demeure beaucoup trop élevé », relève Traffic, l’organisation chargée de superviser le commerce des espèces menacées, dans un communiqué. « On ne peut pas considérer la mort de trois rhinocéros par jour autrement que comme une poursuite de la crise actuelle », insiste Tom Milliken, le responsable du programme rhinocéros chez Traffic.

Nouvelle menace

Dans le même temps, une nouvelle menace plane sur la faune sud-africaine après le braconnage de 46 éléphants en 2016 dans le parc Kruger, alors que le pays était jusqu’alors l’un des rares sur le continent à être épargné par ce phénomène qui coûte chaque année la vie à quelques 30 000 pachydermes.

Réunie en 2016 à Johannesburg, la Cites (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) a confirmé l’interdiction totale du commerce international de l’ivoire et des cornes de rhinocéros.

Mais le gouvernement sud-africain, sous pression notamment du lobby des éleveurs de rhinocéros, vient de rendre public un projet de loi qui autoriserait le commerce intérieur des cornes et permettrait de délivrer aux ressortissants étrangers deux permis d’exportation de cornes par an.

Pour Cathy Dean, directrice de l’ONG Save the Rhino International, cette décision controversée risque d’alimenter le trafic illégal en entretenant le flou sur l’origine des cornes, et de la sorte encourager le braconnage. « Comme il n’y a pratiquement pas de marché intérieur de la corne en Afrique du Sud, il est évident que cette législation comporte un risque énorme de fuite vers le marché clandestin et qu’elle pourrait s’avérer impossible à contrôler car les criminels exploitent la faiblesse et la dispersion des forces de l’ordre », prévient-elle.