Temples, gardien des sixties
Temples, gardien des sixties
M le magazine du Monde
Après le succès de son premier album, le groupe anglais aurait pu céder aux sirènes londoniennes. Mais c’est dans leurs Midlands natals que les quatre garçons ont forgé la pop psychédélique de « Volcano ».
« Le psychédélisme doit faire ressentir quelque chose qu’on ne peut expliquer. C’est plus un sentiment qu’un genre musical », analyse James Bagshaw. Tignasse bouclée, guitare vintage (une Rickenbacker 12 cordes), l’allure du jeune Anglais, chanteur du groupe Temples, pourrait être celle d’un toqué passéiste, ou d’un accro au mode de vie allumé des sixties. Mais, à l’image de ses camarades Tom Walmsley (basse), Adam Smith (guitare et claviers) et Sam Toms (batterie), aux looks également rétro, il fait preuve d’une vitalité qui transcende les références anciennes. Leur deuxième opus, Volcano, une éruption de mélodies joyeusement oniriques surpasse les obsessions rétromaniaques de la vague néo-psyché.
Les membres de Temples, 25 ans de moyenne d’âge, viennent de Kettering, l’ancienne capitale de l’industrie de la chaussure britannique, dans le Northamptonshire, le sud des Midlands. En 2014, ils se faisaient remarquer avec Sun Structures, un premier album à l’ambiance kaléidoscopique, riche en tambourins et guitares carillonnantes. Après ce coup d’essai applaudi, ils auraient pu céder aux sirènes de la capitale britannique et des pointures de la production internationale.
Le groupe Temples cultive le style rétro. | ED MILES
« J’ai essayé de vivre à Londres, j’ai détesté », raconte James Bagshaw, finalement resté fidèle à ses Midlands. Car s’il a quitté Kettering, c’est pour déménager en pleine campagne, à quelques kilomètres de là. Dans cette bulle bucolique, le chanteur et son complice bassiste Tom Walmsley travaillent, obsédés par l’efficacité des refrains. « Nous avions déjà réalisé un premier album par nous-mêmes, mais dans une pièce à peine plus grande qu’un cagibi. Dans ma nouvelle maison, nous avons eu un peu plus de place et, surtout, plus de matériel », explique Bagshaw, en collectionneur impénitent de micros, magnétophones, pédales d’effets et autres instruments millésimés.
« C’est comme peindre avec une collection de pinceaux, chacun trempé dans une couleur extraordinaire », s’enthousiasme le chanteur-producteur. Les douze tableaux pop sortis de cet atelier autarcique resplendissent en effet de comptines polychromes. « Nos chansons dépendent autant de l’écriture mélodique que de la manipulation des sons », insiste James Bagshaw. « Après tout, que serait (I Can’t Get No) Satisfaction sans son riff de guitare fuzz ? » Si ces tourbillons colorés peuvent évoquer l’altération des sens, censée ouvrir les « portes de la perception », un projet très en vogue dans les sixties, les membres de Temples dédaignent les expériences chimiques prônées par les gourous du psychédélisme. « Nous voulons absolument garder le contrôle de ce que nous composons et enregistrons », estime Bagshaw. « Nos instruments, notre matériel et nos chansons sont nos seules véritables drogues. »
« Volcano », de Temples, 1 CD Heavenly Recordings/PIAS. Actuellement en tournée. Le 24 avril à 20 h, à L’Élysée-Montmartre, 72, boulevard de Rochechouart, Paris 18e.
« Born Into The Sunset », extrait de l’album « Volcano »
Temples - Born Into The Sunset
Durée : 04:39