Une école hybride forme les manageurs du Web
Une école hybride forme les manageurs du Web
Par Séverin Graveleau
A l’occasion d’O21 Paris, les 4 et 5 mars, reportage à la Web School Factory, école créée en 2012 qui propose une formation post-bac en cinq ans mêlant design, business et technologie, cours et projets pour des entreprises.
Elèves de la Web School Factory. | © WSF
Au pied des hautes tours grises du 13e arrondissement de la capitale, c’est peu dire que le rouge vif du Campus Cluster Paris Innovation détonne. Un peu comme la Web School Factory dans le paysage traditionnel des écoles de commerce. C’est ici que cet ovni de l’enseignement supérieur est venu se poser en 2014, deux ans après sa création, aux côtés d’autres établissements du groupe Studialis.
« La Web School Factory c’est… la Web School Factory », répondent presque gênés des étudiants de première année croisés dans les couloirs colorés de l’école, lorsqu’on leur demande de définir précisément leur formation. Et pour cause, cofondée par l’école des métiers du Web Hétic, l’école de design Strate College et l’école de management ESG, la Web School Factory est polymorphe. Elle propose une formation post-bac en cinq ans mêlant design, business et technologie du Web. Tous niveaux confondus, environ 300 étudiants y sont inscrits, moyennant pas moins de 7 500 euros par an.
Une formation « adaptée aux évolutions de l’entreprise »
« Nous somme une “école de commerce d’un genre nouveau” destinée à former des manageurs du numérique », tranche la directrice, Anne Lalou. Symboliquement, elle nous accueille dans l’Anticafé ayant élu domicile au cœur du bâtiment. Un lieu qui sort du cadre, lui aussi, à mi-chemin entre l’espace de co-working et le café traditionnel.
Sur l’une des chaises dépareillées de ce lieu de rencontre ouvert au public, elle raconte le point de départ, et la raison d’être, de cette aventure débutée en 2012 : « Il n’existe aujourd’hui en France pas de formation adaptée aux évolutions de l’entreprise et du numérique. » Or « demain on ne pourra plus être manageur si on n’est pas capable d’arbitrer, de faire des choix techniques, si on n’a pas de notions en design, si on ne comprend pas l’intelligence artificielle, les algorithmes, etc. ».
Le Campus Cluster Paris Innovation, où est installée la Web School Factory, dans le 13e arrondissement de la capitale. | Séverin Graveleau / Le Monde
Après une première année commune faisant office de prépa, les étudiants sont invités à choisir une majeure parmi les trois spécialités (design, business, Web), qui sera leur « domaine d’expertise », mais ils « continuent à travailler les autres en mineures » complète Bruno Faure, le directeur pédagogique. Si les étudiants sont un peu moins formés que dans une école de commerce à la comptabilité, à la finance ou à la gestion, tous auront acquis à la fin de leur scolarité des notions de code, de design graphique, de marketing digital, etc.
« Forts de ces différentes compétences, nous sommes capables de dialoguer avec différents types d’experts » résume Clément Aglieta, étudiant de cinquième année. Avec quatre camarades, il a déjà créé son entreprise, qui propose un nouvel « outil de management d’investissement ». En dernière année, un tiers des étudiants se spécialise dans l’entrepreneuriat, les deux autres doivent se trouver une alternance dans une entreprise.
« Inciter au travail collaboratif »
A la Web School Factory, la maquette pédagogique a été imaginée pour éviter au maximum les cours magistraux en amphi. Et l’organisation même de certaines salles de classe est pensée pour casser, là encore, les codes traditionnels. En poussant la porte de l’une d’entre elles, au premier étage, on découvre des étudiants de deuxième année répartis par grappes aux quatre coins de la pièce. Ici pas de tables fixes mais des chaises qui roulent avec tablette pour « inciter au travail collaboratif ».
Ces étudiants sont en train de travailler « en mode projet » sur une mission confiée par une entreprise. Ces projets, qui vont prendre un tiers de leur temps jusqu’à la fin de leur scolarité, permettent de confronter immédiatement la théorie à la pratique. Là où d’autres écoles préfèrent faire travailler les étudiants sur des études de cas fictifs. Pour l’un d’eux, ils doivent par exemple, à partir d’une base de données clients, anonymisée, d’un groupe hôtelier, identifier les opportunités de développement. Dans un autre, ils sont invités à réfléchir à l’identité numérique d’une marque, imaginer les nouveaux usages d’un objet connecté ou une nouvelle application pour smartphone.
Depuis la terrasse de l’école, elle aussi décorée de bancs mobiles aux couleurs vives, Martin Aubrailly, étudiant de deuxième année, se souvient que c’est ce qui l’avait convaincu de choisir la Web School Factory après son bac S : « Les étudiants que j’avais rencontrés parlaient de toutes ces choses qu’ils “faisaient” avec des entreprises, et pas tant des cours. »
Nombreux partenariats avec des entreprises
Ce partenariat gagnant-gagnant permet aux entreprises d’avoir le regard de ces « digital natives » passionnés de numérique, et d’identifier des talents. « Nous avons une relation équilibrée où chacun apporte à l’autre beaucoup » confirme Frédéric Champion, le directeur « open innovation » du groupe BPCE, l’un des partenaires de l’école.
La longue carrière de la directrice Anne Lalou dans le milieu des affaires n’est pas sans faciliter la création de ces partenariats avec des entreprises. Ces partenaires sont aujourd’hui regroupés au sein de l’Innovation Factory, une association hébergée sur place dont l’objectif « est de faire dialoguer en permanence étudiants, enseignants et professionnels dans une stratégie d’open innovation », commente-t-elle, afin de développer « des projets communs ».
Mais aussi afin d’adapter et changer 20 % de la formation chaque année. Une souplesse que ne permettent pas pour l’instant, selon la directrice, les critères d’accréditation de l’Etat ou de la Conférence des grandes écoles. Les diplômes de la Web School Factory sont seulement inscrits au répertoire national des certifications professionnelles. Mais la meilleure des reconnaissances résidera sans doute dans la réussite des étudiants de la toute première promotion de l’école qui seront diplômés dans quelques mois. Une réussite « assurée » selon Anne Lalou.
Au programme d’O21/s’orienter au 21e siècle, les 4 et 5 mars, à la Cité des sciences et de l’industrie, huit conférences interactives pour aider les lycéens et les étudiants à se poser les bonnes questions.
Entrée libre sur inscription ; cliquez ici pour télécharger votre invitation
O21 en 45 secondes
Durée : 00:47