Casino a annoncé, mardi 7 mars, un bénéfice net de 2,67 milliards d’euros en 2016, contre une perte de 43 millions en 2015. | ERIC GAILLARD / REUTERS

Casino clôt l’année des grandes manœuvres. Le groupe de grande distribution français a annoncé, mardi 7 mars, un bénéfice net de 2,67 milliards d’euros en 2016, contre une perte de 43 millions en 2015, notamment grâce aux plus-values de cessions réalisées en Asie. L’an dernier, le groupe a vu son chiffre d’affaires progresser de 2 % à 36,03 milliards d’euros, en données pro forma (5,7 % en organique).

Des résultats qui illustrent une année consacrée au recentrage du groupe et à son désendettement. En Asie, d’abord, où après un fort développement, les activités en Thaïlande et au Vietnam commençaient à se heurter à une concurrence locale et régionale de plus en plus forte. En Thaïlande, le groupe a cédé, en février 2016, pour 3,1 milliards d’euros, sa filiale BIG C Thaïlande à TCC, le conglomérat du milliardaire thaïlandais Charoen Sirivadhanabhakdi. Puis, en avril 2016, il a vendu BIG C Vietnam au groupe de distribution thaïlandais Central pour 1 milliard d’euros.

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Restructuration en plusieurs étapes

Casino a également réorganisé, en plusieurs étapes, son activité au Brésil, à la suite du « chaos total depuis mi-2014 » de ce marché, de l’avis même d’un dirigeant du groupe. Casino y a affronté, comme d’autres, une crise de la consommation sans précédent, qui a été amplifiée par l’augmentation des taux des crédits, auxquels les Brésiliens ont largement recours.

Casino a d’abord changé le périmètre de Cnova, la société dans laquelle il avait logé l’ensemble de ses activités sur Internet – Nova.com, la branche opérant au Brésil, et Cdiscount le spécialiste du e-commerce non alimentaire en France – et qui est cotée depuis fin 2014 au Nasdaq et sur Euronext Paris. De manière à rapprocher l’activité e-commerce du Brésil avec celle de Via Varejo, son réseau brésilien de magasins physiques distribuant principalement des produits électroniques et des meubles. De façon aussi à ce que Cnova chapeaute uniquement Cdiscount, et soit retiré de la cote et réintégré au groupe Casino.

Cette restructuration en plusieurs étapes permettait également de vendre une activité complète et multicanale dans les biens de consommation non alimentaire au Brésil, au moment où la situation commence à s’améliorer. En novembre 2016, le conseil d’administration de Companhia Brasileira de Distribuição, le numéro un brésilien de la grande distribution contrôlé par Casino, a donné son feu vert à la vente de sa participation de contrôle dans Via Varejo afin de se concentrer sur le développement de ses activités alimentaires – hypermarchés, supermarchés/proximité, et cash and carry.

S’atteler à la croissance interne

En résumé, l’ensemble des cessions décidées en 2016 a globalement amputé le chiffre d’affaires d’un quart mais réduit l’endettement de moitié. La dette du groupe est passée de plus de 6 milliards en 2015 à 3,367 milliards d’euros en 2016. Casino est désormais concentré sur deux principales zones géographiques, presque équilibrées entre elles, la France et l’Amérique latine – principalement Brésil et Colombie, mais aussi Uruguay et Argentine.

En 2016, le groupe a réalisé 18,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France (soit 52,65 % du total et en hausse de 0,3 %) et 15,2 milliards d’euros en Amérique latine (42,33 %, et + 6,6 %), l’activité e-commerce, comptabilisée à part, générant quant à elle 1,8 milliard d’euros de chiffre d’affaires (soit 5,02 %, et + 9,5 %) et 3 milliards d’euros de volume d’affaires (en comptant les vendeurs tiers).

Ainsi simplifié, Casino va s’atteler à sa croissance interne et au développement de trois piliers, l’innovation, les services et l’amélioration de son parc de magasins. Pour cela, il compte conserver ses multiples enseignes positionnées sur un créneau de qualité-prix différent – comme en France où le groupe possède Casino, Franprix, Leader Price, Monoprix, Naturalia, SPAR, Vival. Une stratégie différente de celle de ses concurrents comme Auchan ou Carrefour qui déclinent les formats en gardant le nom de leur groupe. Il espère également profiter de ses alliances à l’achat avec Intermarché pour l’alimentaire, et Conforama pour le non-alimentaire.