« La scission d’EDF : mauvaise idée. » Lors d’une conférence de presse tenue, lundi 12 novembre, au siège de la CGT, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), la fédération Mines-Energie a dénoncé avec vigueur les scénarios visant à découper EDF en plusieurs activités distinctes pour redresser les comptes de l’entreprise et son cours de Bourse.

Depuis plusieurs mois, le monde de l’énergie bruisse des rumeurs sur la scission du géant énergétique français : des notes de banques d’affaires circulent avec des découpages différents, Bercy et l’Agence des participations de l’Etat (APE) ont réfléchi à des scénarios, et les deux ministres successifs de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot et François de Rugy, ont évoqué une possible discussion sur la structure d’EDF.

Parmi les idées évoquées, on trouve celle de séparer l’activité nucléaire d’EDF du reste des opérations, comme la vente d’électricité aux particuliers, les énergies renouvelables ou les services à l’énergie. Cela pourrait avoir pour impact de l’imiter l’impact du nucléaire sur les résultats du groupe et de changer radicalement le paysage concurrentiel en France.

Pour autant, l’exécutif, interrogé ces derniers mois, a toujours nié toute réflexion formelle sur l’architecture d’EDF. Mais la CGT assure que c’est la direction que prend le gouvernement. « Ils veulent casser le modèle d’EDF », s’inquiète Sébastien Menesplier, secrétaire général de la fédération Mines-Energie, qui dénonce une « cabale organisée » contre l’entreprise publique.

La Programmation pluriannuelle de l’énergie, cruciale pour EDF

Le syndicat a été reçu en juin à l’Elysée et assure que le conseiller énergie du président de la République a estimé qu’une transformation de l’entreprise était inévitable, compte tenu de la situation financière tendue de l’entreprise. Un chiffon rouge pour la CGT, premier syndicat du secteur.

Un sujet d’autant plus brûlant que le gouvernement doit annoncer fin novembre sa feuille de route énergétique, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). C’est dans ce cadre que doit être dessinée la trajectoire nucléaire de la France. Un document crucial pour l’avenir d’EDF. Pour la CGT, le gouvernement estime qu’« il n’y a pas de PPE sans évolution pour EDF ». Contactés, l’Elysée et Matignon n’ont pas réagi, lundi après-midi, aux accusations du syndicat.

La CGT défend au contraire une renationalisation du secteur et un retour à une entreprise totalement intégrée. « Ces scénarios de scission ne régleraient en rien les erreurs causées par la déréglementation du secteur », estime François Dos Santos, élu au CCE d’EDF, qui s’élève contre la volonté d’isoler le nucléaire dans une structure à part.

Les fédérations syndicales de l’énergie (CGT, CFE-CGC, CFDT, FO) avaient déjà réaffirmé début juillet « leur attachement au caractère intégré » d’EDF. La CGT va distribuer dans les prochaines semaines dans toutes les gares de France 500 000 exemplaires d’un journal détaillant ses positions