Le maintien de François Fillon divise les centristes
Le maintien de François Fillon divise les centristes
Par Patrick Roger
Une majorité des membres de l’UDI a pris ses distances avec le vainqueur de la primaire à droite. Un bureau politique doit convenir ce soir de la stratégie à adopter.
Jean-Christophe Lagarde, Jean-Louis Borloo, et Hervé Morin lors d’une conférence de presse en 2013. | BERTRAND GUAY / AFP
La décision d’Alain Juppé, lundi 6 mars, de renoncer à être candidat à la présidence de la République risque de précipiter la désintégration de l’UDI. Une majorité de la coalition centriste, emmenée par son président, Jean-Christophe Lagarde, avait, dès le 1er mars, pris ses distances avec François Fillon. Dans un premier temps, le député de Seine-Saint-Denis avait indiqué que l’UDI suspendait sa participation à la campagne du candidat LR avant, deux jours plus tard, de lui retirer son soutien.
« Il faut que LR change de candidat pour avoir une chance de gagner, réaffirmait M. Lagarde lundi. On voit bien que François Fillon ne rassemble plus personne. » Quelques heures plus tard, le comité politique de LR renouvelait « à l’unanimité » son soutien à M. Fillon, mettant ainsi un terme aux scénarios de substitution que tentaient d’échafauder ceux qui souhaitaient « débrancher » le vainqueur de la primaire.
Une situation « pathétique »
Pour l’UDI, qui devait réunir son bureau exécutif, mardi à 19 heures, le coup peut être fatal. Beaucoup de ceux qui rejettent désormais la candidature de M. Fillon misaient sur M. Juppé. Certains même plaidaient pour un « tandem » Juppé-Borloo. Ces derniers jours, le fondateur de l’UDI, entre deux déplacements en Afrique – il a reporté son départ pour la Guinée –, a été abondamment consulté mais il n’a pas l’intention de replonger dans le bain politique.
« Je ne suis vraiment pas dans le jeu politique, affirme-t-il au Monde. Je ne suis pas à la manœuvre mais la situation me paraît pathétique. » L’ancien ministre n’entend pas, pour l’heure, adouber tel ou tel candidat. « La question se pose au-delà de l’élection présidentielle. Il faut se projeter à fin juin, au moment du vote de confiance au nouveau gouvernement, estime-t-il. Y a-t-il une majorité possible et laquelle ? Peut-on encore dire aujourd’hui que c’est la droite et le centre ? A bien des égards, ça me semble difficile. »
« Il s’est mis tout seul dans un corner »
M. Borloo laisse entrevoir son souhait d’« une recomposition politique entre des forces de gauche modernes et une droite progressiste ». « Nous sommes peut-être à l’aube d’un bouleversement qui ne s’arrête pas à la présidentielle », prédit-il. Des propos qui, sans exprimer un soutien franc et massif à Emmanuel Macron, s’accordent néanmoins avec la démarche engagée par ce dernier et pourraient encourager une partie des centristes à rejoindre le candidat d’En marche !
L’éclatement de l’UDI apparaîtrait dès lors inéluctable. Car sa composante dénommée Les Centristes, conduite par Hervé Morin, se range fermement derrière la candidature de M. Fillon. « Lagarde a annoncé que l’UDI se retirait de la campagne sans qu’aucune instance ni personne ait été réuni, s’insurge le député de Loir-et-Cher Maurice Leroy. Il s’est mis tout seul dans un corner. Nous, nous sommes sur une ligne claire de soutien à Fillon et d’un accord avec LR. » Et l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy de conclure : « Selon moi, mardi soir, l’UDI aura vécu. »