Le ministre des affaires étrangères turc, Mevlüt Cavusoglu, a tenu un meeting depuis le balcon du consultat de Turquie à Hambourg, en Allemagne, le 7 mars. | AXEL HEIMKEN / AFP

Mevlüt Cavusoglu avait prévenu. « Personne ne pourra m’empêcher de parler », avait assuré le ministre turc des affaires étrangères, mardi 7 mars, après la décision prise par la municipalité de Hambourg d’annuler le meeting qu’il devait tenir dans cette ville du nord de l’Allemagne, sous prétexte que la salle qui avait été réservée ne respectait pas les normes anti-incendie.

Mardi soir, c’est finalement depuis le balcon de la résidence du consul général de Turquie à Hambourg que M. Cavusoglu a pris la parole. Et, sans surprise, il n’a pas mâché ses mots à l’égard des autorités allemandes. « L’Allemagne ne devrait pas intervenir dans nos élections », a-t-il affirmé devant quelque 200 personnes venues écouter son plaidoyer pour le « oui » au référendum constitutionnel du 16 avril visant à renforcer les pouvoirs du président turc.

Suite à l’annulation de plusieurs meetings que d’autres membres de son gouvernement devaient venir animer ces derniers jours outre-Rhin, le chef de l’Etat turc, Recep Tayyip Erdogan, avait accusé Berlin, dimanche, de « pratiques nazies ». Deux jours plus tard, son ministre des affaires étrangères – qui devait rencontrer mercredi à Berlin son homologue allemand Sigmar Gabriel – s’est certes gardé de faire référence au IIIe Reich.

« Différences de vue »

Cela ne l’a pas empêché pour autant de sermonner l’Allemagne. « S’il vous plaît, ne nous donnez pas de leçons en matière de droits de l’homme et de démocratie », a-t-il déclaré. Une réponse aux propos tenus la veille par Angela Merkel. Jugeant « absurdes et déplacées » la comparaison avec le nazisme, la chancelière allemande avait rappelé, lundi, les « différences de vue » entre les deux pays en matière de liberté de la presse et d’opinion.

Soulignant que « plus de 100 journalistes sont emprisonnés » en Turquie, elle avait notamment réclamé la libération de Deniz Yücel, le correspondant du quotidien Die Welt dans ce pays, arrêté mi-février à Istanbul pour « incitation à la haine » et « propagande terroriste ».

Face à la violence des propos tenus à son égard par les autorités turques, le gouvernement de Mme Merkel ne veut toutefois pas tomber dans la surenchère, à la fois pour sauver l’accord signé en mars 2016 avec Ankara dans le but de réduire le nombre de réfugiés arrivant en Europe, mais aussi par souci de ne pas attiser les tensions qui traversent la communauté turque en Allemagne, constituée d’environ 3 millions de personnes.

Des tensions mises en évidence lors du meeting de mardi soir à Hambourg où un important dispositif policier avait été mis en place pour éviter un affrontement entre ceux qui étaient là pour soutenir le « oui » au référendum du 16 avril et ceux qui, aussi nombreux, étaient venus s’y opposer en brandissant des pancartes contre le « dictateur Erdogan ».