L’Institut Pasteur, objet d’une enquête judiciaire sur le transport de virus
L’Institut Pasteur, objet d’une enquête judiciaire sur le transport de virus
Le Monde.fr avec AFP
Révélée par « Le Parisien », celle-ci porte sur les conditions de transfert d’échantillons de MERS-Coronavirus, non déclaré aux autorités sanitaires.
L’Institut Pasteur à Paris. | PATRICK KOVARIK / AFP
L’Institut Pasteur fait l’objet d’une enquête judiciaire sur les conditions dans lesquelles de dangereux virus ont pu arriver dans ses locaux depuis la Corée du Sud, révèle dans son édition du mercredi 8 mars Le Parisien. Les autorités sanitaires n’étaient pas au courant de ce transfert.
D’après le quotidien, le 11 octobre 2015, une scientifique rattachée à la fondation « a transporté clandestinement, à bord d’un vol Séoul-Paris, trois tubes d’échantillon de MERS-Coronavirus, un virus potentiellement mortel, transmissible par le chameau et apparu pour la première fois en 2012 au Moyen-Orient ».
Le journal raconte en outre que celui-ci « soigneusement rangé dans une petite boîte bleue de produits cosmétiques, est resté ensuite sur l’étagère du bureau d’un chercheur de l’Institut sans aucune précaution sanitaire, du 16 au 23 octobre. Tout ceci en dépit des règles nationales strictes du code de la santé publique ou internationales ».
C’est une fuite « opportune » dans la presse coréenne qui est à l’origine du dévoilement de l’affaire. Cet « incident a conduit le parquet de Paris à ouvrir une enquête préliminaire le 19 décembre 2016 », poursuit Le Parisien.
« Pas de risque de contamination »
La direction du centre de recherche dédié à la santé a pris « la décision de détruire en douce les trois échantillons du virus sans en informer au préalable l’autorité sanitaire [l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, ANSM] et sans même déclarer l’incident sous les 48 heures, comme l’impose la loi ».
Le directeur général de l’institut, Christian Bréchot, a expliqué au journal que les échantillons en question avaient subi un traitement d’inactivation. Ils ne présentaient donc « pas de risque de contamination ». « L’erreur est de ne pas avoir effectué de déclaration auprès de l’ANSM avec laquelle nous travaillons ensemble pour améliorer les choses », a souligné M. Bréchot.
D’après Le Parisien, cette ligne de défense ne satisfait pas l’autorité sanitaire. Cette dernière est à l’origine de l’enquête préliminaire confiée aux policiers de la direction régionale de la police judiciaire.
« L’absence de déclaration n’a pas permis la mise en œuvre de mesures de police sanitaires immédiates permettant d’évaluer avec certitude le danger de la situation, ni le déploiement éventuel de mesures de protection des populations » observe ainsi l’ANSM dans son rapport d’investigation transmis à la justice, que le quotidien a pu consulter.