75 milliards d’euros de profit pour les champions du CAC 40
75 milliards d’euros de profit pour les champions du CAC 40
Par Denis Cosnard
Malgré les résultats décevants de Carrefour, les ténors de l’économie française ont engrangé de très solides résultats en 2016. D’une année sur l’autre, leur bénéfice total a augmenté de 32 %
Les grands groupes du CAC 40 vont bien. Dernier des 40 à dévoiler ses chiffres, Carrefour a certes publié jeudi 9 mars un bulletin de santé en demi-teinte : le bénéfice net du distributeur a reculé de 24 %, en raison d’éléments exceptionnels, et d’une détérioration de la rentabilité opérationnelle de ses activités en Chine et en France. L’action du groupe a immédiatement été sanctionnée par les investisseurs : à 9 h 40, elle reculait de 4 %, l’une des plus fortes baisses de la Bourse de Paris.
Mais si la saison des résultats s’achève sur une fausse note, l’orchestre du CAC demeure d’une puissance impressionnante. Ensemble, les 40 champions membres de l’indice – dont plusieurs sont étrangers, comme Solvay ou ArcelorMittal – ont dégagé 75,5 milliards d’euros de bénéfice net en 2016. Un montant solide, en hausse de 32 % par rapport à celui de 2015, selon les calculs du Monde.
ArcelorMittal est sorti du rouge
Sur les 40 groupes du CAC qui ont présenté leurs comptes, 30 ont amélioré leurs résultats d’une année sur l’autre. La palme revient à ArcelorMittal. Le numéro un mondial de l’acier a enfin dégagé un bénéfice après quatre exercices consécutifs dans le rouge. En un an, le groupe de la famille Mittal est passé d’une perte nette de 7,3 milliards d’euros à un bénéfice de 1,6 milliard, notamment grâce à la remontée des prix de l’acier.
LafargeHolcim s’est également bien redressé. La fusion passée, le repreneur suisse de Lafarge a réalisé un profit net de 1,7 milliard d’euros, au lieu d’une lourde perte, et doublé son bénéfice net récurrent. Et si de nouvelles dépréciations d’actifs ont maintenu Engie dans le rouge, contrairement aux espoirs, le groupe a néanmoins beaucoup réduit l’ampleur de son déficit.
Parmi les autres progrès notables figurent les excellents scores de PSA (son bénéfice a presque doublé) et surtout de Renault, qui a affiché les meilleurs résultats de son histoire : « Une croissance record et une rentabilité record », a résumé son patron Carlos Ghosn, plus puissant que jamais. Les poids lourds de la finance ont, eux aussi, arrondi leurs profits, à l’image de BNP Paribas et d’Axa, qui dominent une nouvelle fois le palmarès devant Total, Sanofi et LVMH.
« Les grandes entreprises françaises bénéficient d’un contexte favorable, explique Philippe Kubisa, un des associés du cabinet de conseil PwC. Elles peuvent emprunter à des taux d’intérêt historiquement bas pour financer des acquisitions, acheter de l’énergie à des prix toujours limités, et sont aidées par la faiblesse de l’euro par rapport au dollar. » Présentes partout sur la planète, elles peuvent en outre capter une croissance mondiale toujours assez forte (+ 3 % à + 4 % attendus en 2017) malgré la langueur de l’économie nationale. Autre élément positif : la fin de la baisse des prix des matières premières, qui permet à des groupes comme Michelin ou Saint-Gobain de remonter leurs tarifs.
Même la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne n’a pas eu à ce stade l’impact redouté. Eurotunnel, l’une des sociétés a priori les plus menacées, qui n’appartient pas au CAC, a au contraire signé sa « meilleure année depuis l’ouverture du tunnel », s’est félicité son PDG Jacques Gounon.
Quelques déceptions
La saison a, malgré tout, été marquée par quelques déceptions, avec Carrefour, mais aussi la chute en piqué des profits d’Airbus (– 63 %) liée aux ratés de l’avion militaire A400M, et le recul plus modeste de ceux de L’Oréal, en partie à cause des magasins The Body Shop. Profits également en berne chez Vivendi, dont la filiale Canal+ reste à la traîne. « A vrai dire, toute la stratégie du groupe se révèle difficile à saisir », pointe un analyste. Forte déconvenue enfin chez Publicis, qui paie les difficultés de ses filiales américaines et perd de l’argent pour la première fois depuis des décennies.
Au-delà de ces déboires ponctuels, l’optimisme reste de mise. « A moins de mesures protectionnistes aux Etats-Unis qui bousculent vraiment la donne, la hausse des profits du CAC devrait se poursuivre », anticipe Philippe Kubisa, de PwC. En moyenne, les analystes parient sur une nouvelle progression de 14 % des bénéfices par action des grands groupes européens en 2017, puis de 9 % en 2018.