JO 2024 : un levier pour accélérer la transition écologique à Paris
JO 2024 : un levier pour accélérer la transition écologique à Paris
Par Isabelle Autissier, présidente du WWF France; Pascal Canfin, directeur général du WWF France
Le logo pour « Paris 2024 » projetté sur l’Arc de Triomphe à Paris le 9 février 2016. | Francois Mori / AP
Tribune. La dynamique territoriale que suscite l’organisation d’un événement international tel que les Jeux olympiques et paralympiques est indéniable. Elus, techniciens, entreprises et citoyens se mobilisent pour mettre en lumière leur territoire le jour J et favoriser les retombées positives, économiques et sociales.
Conscient de cette dynamique positive et convaincu qu’elle peut être mise au service d’une accélération de la transition écologique des territoires, le WWF France a accepté de joindre ses forces à celles du comité de candidature de Paris 2024 pour des Jeux à « impact environnemental positif ».
Des jeux alignés avec l’Accord de Paris
Au cours des dernières années, le territoire francilien a acquis, notamment grâce à la COP21, un leadership et une reconnaissance internationale en matière de lutte contre le changement climatique. Il paraissait dès lors essentiel, pour ne pas dire évident au WWF France que la candidature de Paris aux Jeux de 2024 ne se limite pas à proposer les Jeux « les plus verts », mais les premiers Jeux alignés avec les objectifs de l’Accord de Paris.
Pendant neuf mois, nos équipes ont travaillé aux côtés de celles du comité de candidature pour donner corps à cette ambition, la traduire en objectifs chiffrés qui trouveraient une concrétisation avant, pendant et après les Jeux.
Aujourd’hui, le WWF France est fier d’avoir contribué à la définition d’une candidature qui présente à la fois une stratégie bas carbone, alignée sur une trajectoire 2 ºC avec un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55 % par rapport à celles des Jeux de Londres 2012, et un objectif de neutralité carbone via le projet de définition d’une stratégie de compensation.
La stratégie bas carbone de Paris 2024 repose en premier lieu sur la priorité donnée aux infrastructures existantes et temporaires (95 %), et aux constructions répondant à des besoins déjà identifiés dans les plans de développement des territoires. Cet élément clé est une force du projet Paris 2024, essentiel au soutien et à l’accompagnement de la candidature par le WWF France. Les équipes de Paris 2024 et du WWF France ont ensuite travaillé ensemble à la définition de ce « plus », ce « push » que les Jeux apporteront aux territoires et qu’ils laisseront en héritage.
La candidature de Paris 2024 propose ainsi de concevoir des projets de développement du territoire avec une dimension environnementale accentuée : de nouveaux standards de construction intégrant des enjeux tant énergétiques que carbone anticipant la future réglementation thermique ; des préconisations sur le choix des matériaux pour les constructions mais aussi pour la fabrication des objets promotionnels et des produits dérivés ; le déploiement d’énergies renouvelables via de nouvelles infrastructures et le recours à des contrats de fournisseurs d’électricité verte pour des Jeux 100 % énergies renouvelables ; la priorité donnée aux modes actifs de déplacement (vélos et marches), et la « décarbonation » des flottes motorisées qu’il s’agisse des bus ou de véhicules dédiés ; un travail sur la restauration pour réduire l’empreinte carbone de nos assiettes et répondre aux enjeux de santé comme à ceux de la transition agricole ; le renforcement de la biodiversité en ville avec la création de nouveaux espaces végétalisés et la labellisation biodivercity des constructions ; des propositions pour améliorer la prévention et la gestion des crues, la reconquête de la Seine…
Neutralité carbone
La liste est longue, car 80 propositions d’actions concrètes ont été formulées avec un souci permanent en tête : et après les Jeux ? Résultat : nous sommes convaincus que ce projet pourra impacter positivement le développement des territoires franciliens dans la durée.
Si Paris est retenue comme ville hôte des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, son comité d’organisation pourra alors mettre en œuvre sa stratégie de compensation garantissant la neutralité carbone des Jeux. Cette stratégie, le WWF France la conçoit comme une opportunité de laisser un héritage positif en France et à l’international grâce au financement de projets qui lutteront contre le dérèglement climatique et aideront les populations les plus fragiles à s’y adapter.
Les Jeux à Paris seront l’occasion de faire entrer dans la transition écologique dans le quotidien des 14 000 athlètes, des 3 millions de spectateurs et des 3,7 milliards de téléspectateurs qui vibreront lors des compétitions. Ils permettront d’accélérer l’effort local et mondial de réduction d’émissions tout en léguant des territoires plus riches en biodiversité, en solutions de mobilité durables ou encore en agriculture urbaine.
« Le sport a le pouvoir de changer le monde », affirmait Nelson Mandela lors de l’organisation de la Coupe du monde de rugby en Afrique du Sud en 1995. En 2024, à travers l’expérience de transformation des Jeux, prouvons-le pour le climat, prouvons-le pour notre planète !
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Le Monde organisera vendredi 7 avril à Lyon une journée de débats sur le thème « Gouverner la ville autrement : les villes peuvent-elles réenchanter la démocratie ? ». Entrée gratuite sur inscription ici.
A cette occasion, Le Monde récompensera avec ses partenaires les lauréats de la deuxième édition des Prix européens de l’innovation Le Monde-Smart Cities pour leurs projets innovants améliorant la vie urbaine. Les candidatures aux prix internationaux (hors Europe) sont encore ouvertes.
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