Lewis Hamilton finit deuxième du Grand Prix d’Australie, le 26 mars à Melbourne. | SAEED KHAN / AFP

Il y a des défaites qui donnent espoir, comme celle de Lewis Hamilton, dimanche 26 mars à Melbourne. Le pilote Mercedes, favori du Grand Prix d’Australie, parti en pôle position de cette première manche du Championnat du monde de F1, finit deuxième, derrière la Ferrari de l’Allemand Sebastian Vettel, vainqueur.

« Je suis venu pour une chose et une seule : gagner », déclarait la veille le Britannique après des séances de qualifications qu’il avait dominées. Il avait souligné le travail exceptionnel de l’équipe Mercedes cet hiver. Les ingénieurs et techniciens ont en effet eu fort à faire pour mettre en pratique un grand nombre de nouvelles règles : moteurs hybrides plus rapides, pneus plus larges, aérodynamisme plus agressif. Tant chez Mercedes que dans les autres écuries. « Nous allons passer une bonne nuit et revenir plus forts que jamais », concluait Lewis.

Retour au stand décisif

Mais le Britannique s’est fait surprendre. Après un bon départ, il conservait l’avantage sur son poursuivant Sebastian Vettel, jusqu’à son retour au stand au 17e tour. Il ressortait alors dans le peloton, gêné par le Néerlandais de Red Bull, Max Verstappen. « Je galère avec le train arrière », maugrée dans son casque ce dernier, alors qu’Hamilton ne parvient pas à le doubler, contrairement à ce qui lui est demandé. En ressortant des stands devant Verstappen et Hamilton, Vettel marque un coup décisif. Mercedes pousse son pilote par radio, mais il ne peut assurer que la deuxième place, sur erreur tactique pense-t-on. C’est la première surprise.

On s’attendait à des difficultés de pilotage, à des sorties de route dues à des monoplaces plus rapides et plus physiques à tenir. Sebastian Vettel était le premier à souligner que « c’était plus dur », ajoutant : « ce sont les voitures les plus rapides que l’on ait jamais conduites. Il y a risque d’erreur, il faut réagir plus vite. Mais c’est ça qui est drôle ». Alors, il s’est amusé.

Lewis Hamilton, lui, s’est laissé surprendre par la rapidité et la fiabilité des Ferrari. Les essais avaient montré la suprématie des voitures produites à Maranello, en Italie, mais en 2016 également. Or, cela n’avait pas empêché la Scuderia de réaliser une saison 2016 décevante. Cette fois, en Italie aussi la tactique a joué, avec une absence totale de communication, tant lors des tests hivernaux que lors des essais ou des qualifications à Melbourne. Il se murmurait que Ferrari pouvait en garder sous le pied, mais sans plus de conviction.

Vettel, en italien

Qui osait alors y croire ? « C’est une grande victoire, une victoire pour nous tous, une victoire pour tous ceux qui travaillent à Maranello. C’est une grande victoire qui s’est construite sereinement », a lancé en italien Vettel dans sa radio, juste après avoir franchi la ligne. Le quadruple champion du monde n’avait plus gagné depuis le Grand Prix de Singapour en 2015.

L’autre Mercedes du Finlandais Valtteri Bottas complète le podium, devant la Ferrari de son compatriote Kimi Räikkönen et la Red Bull de Verstappen. Interrogé sur son départ à la 3e
place sur la grille, le nouveau coéquipier de Lewis Hamilton s’était déclaré mécontent de cette position, alors qu’il ne cesse de répéter qu’il peut battre Lewis Hamilton. De plus, il ne souhaitait pas voir une monoplace d’une autre écurie s’intercaler entre eux. Vœu exhaussé.

Le pilote allemand de Ferrari, Sebastian Vettel, victorieux le 26 mars à Melbourne (Australie). | SAEED KHAN / AFP

Cette victoire de Ferrari, qui fête cette année ses 70 ans, tombe donc à pic pour lancer cette saison 2017 de Formule 1 que tous les acteurs de ce sport annoncent comme celle du renouveau, « le début d’une nouvelle ère », relevait le directeur de Mercedes Toto Wolff. Une énième victoire de Mercedes, trois fois champion d’affilée, aurait certainement valu aux flèches d’argent d’être accusées par certains de « tuer » le championnat. Remarque sportive récurrente. Rappelons juste que Mercedes a attendu cinq ans avant le moindre titre, quand, par exemple, McLaren-Honda s’impatiente de ne pas obtenir de résultat, après trois années de partenariat.

On espérait donc de l’action. A mi-course, avec huit dépassements, le public restait sur sa faim, quand les duels ont opportunément pris le relais. Celui d’Hamilton avec Max Verstappen, suivi, en milieu de tableau, par la bagarre entre Esteban Ocon, le pilote français de Force India remonté à la 11e place, l’Allemand Nico Hülkenberg sur Renault et Fernando Alonso, malheureusement lâché par sa voiture à trois tours de la fin. Esteban Ocon entre dans les points !

Le patron de la F1, Chase Carey, visiblement sur la même longueur d’onde que l’ancien champion et directeur conseil de Mercedes F1 Niki Lauda, dimanche 26 mars à Melbourne (Australie). | BRANDON MALONE / REUTERS

Ultime surprise après l’arrivée. Le directeur de Mercedes, Niki Lauda, n’a aucun regret : « Ferrari était plus rapide, réfutant au passage toute erreur tactique : faire rentrer [aux stands] Lewis plus tôt ou plus tard n’aurait rien changé », avant de résumer ce qui était l’autre enjeu de ce Grand Prix inaugural d’Australie : « Je pense que c’était très bien », bien pour la F1, « même si c’est au détriment de [mon] équipe. (…) Quand je gagne trop, je m’ennuie. Là, il y a de la compétition ! »

Classement

1. Sebastian Vettel (GER/Ferrari) les 302,000 km en 1 h 24 min 11 s 670’’.
2. Lewis Hamilton (GBR/Mercedes) à 9 s 975’’.
3. Valtteri Bottas (FIN/Mercedes) à 11 s 250’’.
4. Kimi Räikkönen (FIN/Ferrari) à 22 s 393’’.
5. Max Verstappen (NED/Red Bull-TAG Heuer) à 28.827’’.
6. Felipe Massa (BRA/Williams-Mercedes) à 1:23.386’’.
7. Sergio Pérez (MEX/Force India-Mercedes) à 1 tour.
8. Carlos Sainz Jr (ESP/Toro Rosso-Renault) à 1 tour.
9. Daniil Kvyat (RUS/Toro Rosso-Renault) à 1 tour.
10. Esteban Ocon (FRA/Force India-Mercedes) à 1 tour.
11. Nico Hülkenberg (GER/Renault) à 1 tour.
12. Antonio Giovinazzi (ITA/Sauber-Ferrari) à 2 tours.
13. Stoffel Vandoorne (BEL/McLaren-Honda) à 2 tours.
Fernando Alonso (ESP/McLaren-Honda) à 6 tours.

Abandons :
Romain Grosjean (FRA/Haas) : problème mécanique 14e tour
Jolyon Palmer (GBR/Renault) : problème mécanique 17e tour
Marcus Ericsson (SWE/Sauber) : problème mécanique 22e tour
Daniel Ricciardo (AUS/Red Bull) : freins 27e tour
Lance Stroll (CAN/Williams) : problème mécanique 42e tour
Kevin Magnussen (DEN/Haas) : problème mécanique 48e tour
Fernando Alonso (ESP/McLaren-Honda) : problème mécanique 52e tour (classé).