Toute campagne impose pour les prétendants à l’Elysée quelques séances de « calinothérapie » des élus locaux. La première a eu lieu, mercredi 8 mars, devant l’Association des départements de France (ADF). Six candidats à la présidentielle ont rassuré les départements sur leur avenir institutionnel et financier à l’issue d’un quinquennat qui a failli conduire à leur disparition.

La feuille de soins dressée par Dominique Bussereau était claire : « Arrêtons le mille-feuille ou le mikado. Restons dans une France stabilisée. Et puis les nouvelles métropoles, arrêtons-les », leur a d’emblée demandé le président (LR) de l’ADF. En écho, les candidats ou leur représentant ont tous promis le « retour à la stabilité institutionnelle » et « la fin du “Meccano” territorial ».

Certains ont toutefois évoqué quelques évolutions, à leurs yeux, nécessaires. Emmanuel Macron a rappelé son objectif de « supprimer un quart des départements à l’horizon 2022 ». Cette suppression concernerait uniquement « les principales métropoles françaises, (…) à commencer par celle de Paris », a-t-il précisé. François Fillon s’est dit favorable à des fusions de départements et de communes, tout en indiquant que l’Etat se contentera de « bâtir un cadre légal qui permet aux collectivités territoriales de prendre des initiatives ».

L’hémorragie des dotations de l’Etat

Candidat de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan s’est engagé à supprimer les conseils régionaux, à l’instar de David Rachline, maire (FN) de Fréjus (Var), qui représentait Marine Le Pen. « La disparition des régions me semble un moyen efficace pour faire baisser les impôts locaux de nos concitoyens très rapidement », a expliqué le sénateur (FN) du Var.

S’agissant des dotations de l’Etat aux collectivités locales, tous les candidats ont dénoncé leur hémorragie depuis 2014. Cela n’a pourtant pas dissuadé M. Fillon d’indiquer son intention de les réduire de 7,5 milliards d’euros sur le prochain quinquennat.

M. Macron a confirmé pour sa part, vouloir les baisser de 10 milliards, soit l’équivalent de l’effort exigé depuis 2014. Le candidat LR et celui d’En marche ! promettent un « pacte » qui fixerait le calendrier de cette réduction, qui serait signé entre l’Etat et les collectivités. L’un et l’autre s’engagent néanmoins à moduler la baisse des dotations en fonction des efforts de réduction des dépenses de fonctionnement engagées par les collectivités.

A l’inverse, MM. Hamon et Dupont-Aignan se sont engagés à l’arrêt de la baisse des dotations, tout comme M. Rachline au nom du FN ou Pierre-Yves Collombat, sénateur (Parti de Gauche) du Var, qui s’exprimait au nom de Jean-Luc Mélenchon.

« Recentralisation » du financement du RSA

Alors que les dépenses obligatoires des départements se sont sensiblement alourdies, ces dernières années, sous l’effet de la hausse du nombre d’allocataires du revenu de solidarité active (RSA) et de la revalorisation de son montant, tous les candidats se sont engagés à une « recentralisation » du financement de ce minima social. L’Etat prendrait ainsi directement à sa charge la couverture de ce droit.

M. Hamon a promis que le RSA serait automatiquement attribué au « plus pauvres sans qu’ils n’aient besoin d’en faire la demande », comme c’est le cas aujourd’hui. Le candidat socialiste souhaite que le montant du RSA soit réévalué et fixé à 600 euros. Cette hausse ne grèverait cependant pas les budgets départementaux, a -t-il insisté, puisque le RSA serait intégré dans l’enveloppe que l’Etat consacrera au futur « revenu universel » qu’il compte mettre en place.

Au passage, M. Hamon a profité de son audition devant l’ADF pour pilonner les propositions de M. Macron, qu’il s’agisse de sa proposition de diminuer le nombre de fonctionnaires ou de supprimer la taxe d’habitation. « Cette campagne est formidable, mais il va falloir qu’on fasse un peu de politique tout de même ! », a lancé le candidat du PS, prêt à en découdre avec celui qui, à peine fini son « grand O » devant l’ADF, se disait « honoré » du soutien de Bertrand Delanoë.