Le marché des nouvelles technologies en Israël est rompu aux superlatifs. Mais le mot « historique » n’est pas galvaudé, selon les experts, pour qualifier le rachat de la société israélienne Mobileye par le géant américain de l’électronique Intel.

Selon un communiqué, publié lundi 13 mars par ce dernier, le montant de l’opération s’élèvera à environ 15 milliards de dollars (14,06 milliards d’euros). La branche Automated Driving Group (ADG) d’Intel sera « intégrée dans Mobileye » et sise en Israël, a expliqué la direction de la société israélienne, dans un message à ses employés.

Les deux sociétés, qui collaboraient déjà étroitement, veulent ainsi conjuguer leurs efforts et accélérer l’innovation dans un domaine hautement lucratif : celui de la conduite automobile assistée, appelée à devenir un jour autonome.

Prendre des décisions à la place du conducteur

Fondée en 1999 par Ziv Aviram et Amnon Shashua, professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem, Mobileye apportera à Intel sa connaissance en matière de vision, de cartographie et de repérage automatique sur les routes.

La société travaille sur des logiciels interprétant les images de la circulation dans l’environnement de la voiture. Ils permettent d’alerter le conducteur sur les obstacles et le parcours emprunté, voire de prendre des décisions à sa place en une fraction de seconde, comme pour le freinage automatique.

Mobileye diffuse déjà des vidéos montrant le professeur Shashua à bord d’une voiture équipée de plusieurs minicaméras qui circule sur un grand axe routier sans que le conducteur touche au volant.

Autonomous Car Driving - Mobileye
Durée : 02:09

Mais il reste encore aux chercheurs un travail considérable pour que cette technologie soit adaptée en toute sécurité à la conduite en ville, avec un trafic dense et des feux de signalisation. « Intel estime que les possibilités du marché en matière de systèmes automobiles, de données et de services pourraient atteindre 70 milliards de dollars d’ici à 2030 », explique le communiqué de la compagnie américaine.

A la mi-2016, Intel et Mobileye se sont déjà alliés avec le constructeur automobile allemand BMW pour créer une plate-forme, afin de développer le puissant cerveau électronique embarqué qui permettra un jour à la voiture de circuler en totale autonomie, sans qu’une présence humaine à bord soit indispensable. Cette voiture serait alors en mesure d’effectuer seule des parcours complexes.

Un centre de recherche avec quarante experts

Les trois entreprises espèrent qu’un tel véhicule apparaîtra sur les routes en 2021. Mais on est encore loin de cette étape, qui révolutionnera à la fois les transports personnels et les transports en commun, ainsi que la sécurité routière. Elle pourrait aussi remettre en question le marché automobile classique et le rapport à la propriété d’un véhicule.

En vertu d’un accord signé entre les deux gouvernements, en mai 2016, Israël et les Etats-Unis ont décidé d’investir 20 millions de dollars (18,76 millions d’euros) dans un centre de recherches, situé dans la ville côtière de Netanya (Israël). Il doit accueillir quarante experts de chaque pays, qui procéderont à des tests sur les prototypes de voitures sans conducteur.

Il s’agit de créer une émulation supplémentaire entre les compagnies du secteur, mais aussi de réfléchir aux formes que prendra, à une échéance imprévisible, l’introduction de ces nouvelles voitures dans la circulation.

Faudra-t-il prévoir des voies séparées pour elles ? Les autoriser seulement sur les grands axes ? Comment assurer une prise de décision rationnelle et sûre lorsque plusieurs voitures de ce nouveau type entreront en interaction ? Ou encore, comment éviter un hacking (« piratage informatique »), une prise de contrôle à distance d’une voiture, à des fins malveillantes ? La révolution n’en est qu’à ses prémices.