150 mètres, 40 étages : avec une nouvelle tour, Toulouse cherche à prendre de la hauteur
Toulouse en quête de hauteur
Par Jean-Jacques Larrochelle
L’Occitany Tower, de 150 mètres de haut et 40 étages en surplomb de la gare Matabiau, sera érigée en 2021-2022.
Vue d’artiste de l’Occitany Tower à Toulouse, depuis le quartier de la gare de Matabiau | Studio Daniel Liebeskind/ Compagnie de Phalsbourg
Un signal urbain inédit va surgir dans le ciel toulousain. En lieu et place de l’ancien tri postal de la gare de Matabiau, en surplomb du canal du Midi, une tour de 150 mètres de hauteur et de 40 étages, partiellement végétalisée, doit être édifiée à l’horizon 2021-2022. L’Occitanie Tower (c’est son nom) a été dessinée par l’architecte américain Daniel Libeskind, auteur notamment du master plan de Ground Zero à New-York, et par l’agence toulousaine de Francis Cardete, Kardham. Le projet, qui devrait coûter entre 120 et 150 millions d’euros, est confié à la compagnie de Phalsbourg. L’annonce a été faite par la mairie de Toulouse et la SNCF, mercredi 15 mars, depuis le Marché international des professionnels de l’immobilier (Mipim) qui se tient à Cannes (Alpes-Maritimes) jusqu’au 17 mars.
Il est rare de voir surgir en France des projets d’une telle ampleur. La tour, d’une surface totale de 30000 m², doit abriter 11000 m² de bureaux, 100 à 120 logements, un restaurant-bar panoramique, un hôtel Hilton, 2000 m² de commerce et accueillir dans son socle des locaux SNCF. Les promoteurs de l’Occitanie Tower – que certains à Toulouse préfèrent appeler Tour Matabiau ou Tour Occitanie –, ont voulu qu’elle fasse, au moins dans son apparence, la part belle aux préoccupations environnementales. Soumises à un mouvement hélicoïdal, façades en verre et végétales s’enroulent sur toute la hauteur de l’édifice, tels deux rubans torsadés. Le paysage vertical qui en résulte a été conçu par l’architecte-paysagiste Nicolas Gilsoul.
La course à la hauteur touche depuis longtemps Paris où, aux marches de la ville, plusieurs projets sont annoncés : la tour Triangle (180 mètres), porte de Versailles (14e arrondissement), par le duo d’architectes suisses Herzog et de Meuron, ou le projet Duo (122 et 180 m), porte de la Gare (13e arrondissement) mené par l’atelier Jean Nouvel. Un autre « gratte ciel » parisien est en cours d’achèvement : le Tribunal de Paris (160 mètres), porte de Clichy (17e arrondissement), réalisé par l’architecte italien Renzo Piano.
Est-ce parce que la hauteur est perçue comme un signe extérieur de modernité et de progrès, qu’en région aussi, les grandes villes semblent vouloir se livrer à la même compétition? « Toulouse est la grande ville qui monte en France et pour cela, il fallait un symbole, un signe urbain fort », a déclaré à Cannes le maire LR de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, au côté du directeur général de SNCF Immobilier, Benoît Quignon.
Vue d’oiseau de l’Occitany Tower telle que projetée à Toulouse | Studio Daniel Liebeskind/ Compagnie de Phalsbourg
Désirs d’élévation
Si Lyon est toujours détentrice du record avec sa « gomme » et son « crayon », sobriquets donnés respectivement à la tour Incity (202 m) et à la tour Part-Dieu (165m), Toulouse, pour quelques mètres de plus, est en passe de damer le pion à Marseille. Avec ses 145 mètres de haut, la tour CMA-CGM, réalisée par l’agence de l’Irako-Britannique Zaha Hadid (1950-2016) et livrée en 2010 dans le quartier d’affaires Euroméditerranée de Marseille, doit céder sa place à l’Occitanie Tower sur la troisième marche du podium.
Ces multiples désirs d’élévation trouvent-ils grâce auprès des habitants? Dans la capitale, 60 % des Parisiens sont hostiles aux immeubles de grande hauteur, dans leur ville s’entend. Si l’on en croit les commentaires sur les différents sites ayant rendu compte de l’annonce cannoise, il y a fort à penser que de farouches oppositions ne manqueront pas de s’exprimer.