Affaire des costumes : ce qui est reproché à François Fillon
Affaire des costumes : ce qui est reproché à François Fillon
Le Monde.fr avec AFP
Après les révélations du « Journal du dimanche » sur des costumes offerts au candidat de la droite, le parquet national financier a élargi l’enquête des juges d’instruction à des soupçons de trafic d’influence.
Le 16 mars, François Fillon, candidat des Républicains a fait un meeting au zénith de Caen. | LAURENCE GEAI / « LE MONDE »
C’est une nouvelle affaire qui vise François Fillon. L’enquête sur de supposés emplois fictifs qui a valu au candidat de la droite d’être mis en examen a été étendue aux conditions dans lesquelles des costumes de luxe lui ont été offerts, a fait savoir, jeudi 16 mars, une source judiciaire au Monde, confirmant des informations de l’Agence France-Presse.
Cette annonce survient quelques jours après la parution, le week-end dernier, du Journal du dimanche qui révélait ces généreux cadeaux de la part d’un mystérieux donateur au candidat de la droite.
Retour sur cette affaire qui risque d’empoisonner encore un peu plus la candidature de M. Fillon à l’élection présidentielle.
- Des soupçons de trafic d’influence
D’après l’hebdomadaire, un mécène, qui n’était pas identifié, a signé le 20 février un chèque de 13 000 euros pour régler deux costumes achetés chez Arnys, un célèbre tailleur parisien. « J’ai payé à la demande de François Fillon », a affirmé cet « ami généreux » au JDD. « Et sans d’ailleurs en avoir le moindre remerciement depuis », déplore-t-il.
A cela s’ajouteraient, selon le journal, près de 35 500 euros « réglés en liquide » pour de précédents achats au profit de l’ancien premier ministre chez ce même tailleur. Soit un montant de quelque 48 500 euros depuis 2012.
A la suite de ces révélations, le parquet national a ainsi élargi jeudi l’enquête des juges d’instruction à des soupçons de trafic d’influence. Les enquêteurs vont désormais tenter de déterminer qui est l’acheteur des costumes et examiner ses liens avec François Fillon.
Le trafic d’influence ne figurait pas initialement au nombre des chefs de mise en examen retenus mardi dans le cadre de l’enquête sur emplois les supposés fictifs occupés par l’épouse et deux des enfants de M. Fillon.
- Le déontologue de l’Assemblée saisi
Dès le lendemain des révélations du Journal du dimanche, le déontologue de l’Assemblée national, Ferdinand Mélin-Soucramanien, s’est saisi de l’affaire. Ce dernier estime que cette information au sujet du député de Paris « suscite des questionnements » :
« La question qui se pose est la suivante : ces cadeaux ont-ils été faits exclusivement à titre privé, auquel cas ils échappent à ma compétence ou bien sont-ils en lien avec le mandat ? »
Les députés doivent en effet déclarer au déontologue « tout don ou avantage d’une valeur supérieure à 150 euros dont ils ont bénéficié (…) en lien avec le mandat ». Ce qui peut exclure ainsi les cadeaux de proches.
Le règlement de l’Assemblée nationale autorise le déontologue à interroger les députés. Et M. Mélin-Soucramanien a jugé que, « compte tenu des contraintes du calendrier électoral, il est souhaitable que la question soit réglée rapidement du point de vue du contrôle interne de l’Assemblée ».
- Pour François Fillon, ces cadeaux n’ont « rien à voir » avec la politique
« Un ami m’a offert des costumes en février. Et alors ? », a répondu dans une interview aux Echos, lundi, le candidat de la droite, au lendemain des révélations du Journal du dimanche. Sur Europe 1, lundi matin également, M. Fillon a rétorqué avoir « parfaitement le droit de [se] faire offrir un costume par un ami, ce n’est pas interdit », assurant que « tout ça n’a rien à voir » avec la politique.
En meeting à Caen, jeudi, le député de Paris est revenu sur toutes les affaires qui le visent.
« Chaque jour, je reçois en pleine figure de nouvelles bourrasques. Je fais front, j’avance, je garde mon cap et je trace ma route (…) Je suis là, toujours là, debout, avec vous, pour vous et pour la France. »
Mais pour le président de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), Jean-Christophe Lagarde, « il serait normal » que le candidat de la droite révèle au déontologue l’identité de l’« ami » qui lui a offert ses costumes de luxe.
Mis en examen, que risque François Fillon ?
Durée : 03:51