Le président Paul Kagamé reçu au Vatican
Le président Paul Kagamé reçu au Vatican
Le Monde.fr avec AFP
Le pape François a invité le chef de l’Etat rwandais qui n’a jamais été tendre avec l’institution catholique au sujet du génocide de 1994.
C’est une première. Le chef de l’Etat rwandais a été reçu, lundi 20 mars, au Vatican, à l’invitation du pape François. Selon la présidence rwandaise, M. Kagamé et le pontife devaient évoquer les relations bilatérales entre les deux Etats. Depuis la fin du génocide en 1994 et l’accession au pouvoir de Paul Kagamé, les relations entre l’Eglise catholique et Kigali sont particulièrement difficiles.
Des prêtres ont en effet participé au massacre qui avait fait au moins 800 000 morts, et l’institution catholique a été maintes fois accusée d’avoir entretenu une grande proximité avec le régime génocidaire.
En novembre 2016, l’Eglise catholique rwandaise avait demandé pardon au nom des chrétiens impliqués dans le génocide mais non au titre de l’institution. « L’Eglise n’a pas participé au génocide », avait estimé alors l’évêque Philippe Rukamba, président de la Commission épiscopale rwandaise.
Kigali avait alors qualifié ces excuses de « profondément inadéquates » et estimé que le Vatican devrait lui-même demander pardon. « Au vu de l’échelle à laquelle ces crimes ont été commis, des excuses de la part du Vatican seraient amplement justifiées », avait soutenu le gouvernement rwandais dans un communiqué, estimant que l’Eglise catholique avait déjà dans le passé demandé pardon pour des crimes « de moindre ampleur ».
« Un désert devenu jardin »
Entre avril et juillet 1994, de nombreux édifices religieux furent le théâtre de tueries de masse, les miliciens hutus y trouvant leurs victimes rassemblées – parfois par des prêtres qui livraient ensuite leurs ouailles aux tueurs – et sans échappatoire.
Plusieurs prêtres, religieux et religieuses ont été jugés pour participation au génocide, principalement par les tribunaux rwandais, le Tribunal pénal international pour le Rwanda ou la justice belge. Certains ont été condamnés, d’autres acquittés.
Environ la moitié des Rwandais sont aujourd’hui catholiques, mais beaucoup se sont tournés depuis la fin du génocide vers les églises pentecôtistes dites « de réveil ».
L’entrevue entre le pape et Paul Kagamé, qui était accompagné de son épouse, a duré une vingtaine de minutes. Lors de cette rencontre, le pape François a offert à son invité une médaille représentant « un désert devenu jardin », une claire allusion au Rwanda qui s’est reconstruit après le génocide. M. Kagamé a lui apporté au pape un bâton traditionnel africain « pour convoquer les gens ».