Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France insoumise, à l’Essec, à Cergy Pontoise, le 22 mars | PATRICK KOVARIK / AFP

Une entrée digne de ses meilleurs meetings. Mercredi 22 mars, à Cergy-Pontoise (Val-d’Oise), l’amphithéâtre de l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec) affiche complet et Jean-Luc Mélenchon est accueilli par une standing-ovation. Regonflé à bloc par sa marche du 18 mars et sa prestation réussie au débat de lundi sur TF1, le candidat de La France insoumise à l’élection présidentielle est aux anges.

Il est venu présenter dans cette célèbre école de commerce son dernier livre, De la vertu (Editions de l’Observatoire, 137 pages, 5 euros), sorti le jour même et à point nommé en pleine affaire Fillon, parler partage des richesses et porter la bonne parole. « Vous êtes tous des suppôts du capitalisme normalement », attaque d’emblée le député européen sous les rires de la salle avant d’expliquer les raisons de sa présence par un « principe d’autodérision et d’humour ».

« Vous m’intéressez parce que précisément le plus grand nombre d’entre vous ne sont pas de mon avis politique », souligne l’ex-socialiste. « Ce sera sans doute la seule fois de leur vie où ils verront un tribun de gauche, où ils verront que nous ne mangeons pas d’enfants et que nous n’avons pas de couteau entre les dents », ajoute-t-il. Le ton est donné. Un peu plus tôt, son patrimoine a été publié par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique : près d’un million d’euros qu’il a détaillé sur son blog. « Au total, je suis assez nanti pour rassurer les petits-bourgeois et pas assez pour indigner mes voisins du kebab », avait-il plaisanté.

M. Mélenchon séduit son auditoire, donne un cours de philosophie politique et développe son programme. L’Assemblée constituante fondatrice de la VIRépublique qu’il appelle de ses vœux ? « Une stratégie révolutionnaire, pas juste un arrangement », prévient-il. Il en profite pour critiquer cette « monarchie présidentielle » qui, « à l’époque du pognon généralisé », abrite cette « corruption qui petit à petit se généralise à un point que les gens ne se rendent même plus compte que ce n’est pas normal d’être parlementaire et d’être le dirigeant d’une société de conseil qui se fait payer par des grands groupes ». François Fillon, pour ceux qui n’auraient pas compris.

Sa stratégie européenne ? Il rappelle sa formule provocatrice : « L’Europe, on la change ou on la quitte. » « Madame Merkel, si c’est elle qui est élue, va avoir la surprise de sa vie : pour la première fois, elle va voir un président de la République française qui va lui dire autre chose que “Oui madame, où est-ce qu’on signe ?” », lance-t-il. L’ex-sénateur enchaîne sur la Russie mais refuse de se voir « repeindre en poutinien ». « C’est une absurdité totale, nous devons nous entendre avec la Russie comme partenaire », juge-t-il.

Au passage, le candidat glisse, sous les applaudissements : « L’avenir de la gauche, c’est très confus, si j’ai gagné, le problème est tranché. » On ne l’arrête plus. « Votre truc, c’est pire que la télé », s’amuse Jean-Luc Mélenchon. Près de deux heures ont passé. Il repose le micro, presque à regret.