L’ONG Transparency reçoit des engagements sur l’éthique de tous les candidats… sauf un
L’ONG Transparency reçoit des engagements sur l’éthique de tous les candidats… sauf un
Par Anne Michel
Des onze candidats, François Fillon est le seul à n’avoir pas voulu prendre d’engagement en matière d’« éthique de la vie publique » auprès de l’organisation.
« Les affaires n’ont pas qu’un effet délétère sur l’opinion. Elles renforcent le niveau d’exigence des citoyens envers la probité et la transparence », martèle Daniel Lebègue. Fort de ce constat, l’association qu’il préside, Transparency International France, a demandé aux onze candidats à l’élection présidentielle de s’engager sur onze principes voués à améliorer la vie démocratique, allant du casier judiciaire vierge à l’indépendance de la justice, en passant par le non-cumul des mandats et l’instauration d’un droit de pétition nationale.
Les résultats ont été publiés jeudi 23 mars, sans les réponses toutefois du candidat des Républicains, François Fillon, qui a refusé de répondre, « malgré de multiples relances » déplore l’ONG anticorruption. Le député centriste Jean Lassalle a quant à lui envoyé ses engagements in extremis.
Ces onze principes correspondent à des recommandations de Transparency, testées auprès de son panel de 20 000 followers sur les réseaux sociaux et d’un échantillon représentatif de la population française.
Consensus et profonds désaccords
Le premier constat fort, c’est que certains thèmes, jusqu’ici controversés, font désormais consensus à travers le spectre politique, de gauche à droite, comme la transparence de l’indemnité représentative de frais de mandat (IRFM) versée aux parlementaires, soutenue par Jean-Luc Mélenchon comme par Marine Le Pen. Ou comme la nécessité pour les collectivités territoriales d’adopter un plan de prévention de la corruption.
Au contraire, de profonds désaccords subsistent sur des sujets clés telle l’indépendance de la justice, un principe auquel est notamment opposée Marine Le Pen — par ailleurs favorable, dans le débat public, à la suppression de l’Ecole nationale de la magistrature et à celle de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, créée en 2013.
Autres sujets vivement débattus : le non-cumul des mandats ou l’instauration d’un droit de pétition national. « Nous ne prenons pas position, mais nous contribuons de manière utile au débat électoral », estime Daniel Lebègue, qui fut directeur du Trésor, rappelant que dès février 2016, l’ONG avait mis en garde contre les risques liés aux emplois familiaux au Parlement, et recommandant leur interdiction…
Codes couleurs
Si la démarche de Transparency entend éclairer le citoyen dans ses choix politiques, en fonction de ses opinions sur le sujet, elle permet aussi de dresser un classement des candidats en fonction de leur appétence pour la transparence. Car des codes couleurs leur sont attribués selon leurs réponses : vert lorsqu’ils soutiennent la recommandation de l’ONG ; orange s’il ne s’agit que d’un soutien partiel ; rouge en CSA de désaccord.
Parmi les principaux candidats, tout en haut du classement, en vert, figure Benoît Hamon, candidat du Parti socialiste, seul à avoir fait le plein de vert grâce à un soutien sans réserve aux propositions de Transparency, talonné par Emmanuel Macron (neuf jetons verts).
Si l’on met de côté M. Fillon, couronné de rouge pour son refus de participer, Marine Le Pen, candidate du Front national (FN), est en queue de classement, avec trois jetons rouges et cinq orange.