Pendant l’Altistart-up, le 22 mars, à Val d’Isère. | Altigliss

Un mammouth gonflable vibre sous l’effet des basses du Dj Tannie_Swiss, tandis que des centaines d’étudiants casqués dansent en plein milieu d’un après-midi de semaine. Bienvenue à la 18e édition de l’Altigliss Challenge, l’un des plus grands événements sportifs étudiants d’Europe, organisé par les élèves de l’Ecole de management (EM) Grenoble. Neufs cents étudiants français et européens participent à cette semaine de glisse en mode ultra-festif sur le domaine de Val d’Isère.

Nouveauté de cette 18e édition : aux compétitions de snowboard, bi ski, ski de randonnée s’est ajouté l’Altistart-up, un challenge où il faut « pitcher » (présenter) un projet entrepreneurial… à vingt mètres de hauteur et en sept minutes, le temps d’un aller simple dans la télécabine de Solaise.

Au milieu des touristes profitant de la neige de printemps, 14 concurrents, majoritairement étudiants, font la queue pour présenter leur projet en apesanteur, dans l’espace exigu d’une charrette à skieurs. Pas de costume ni de cravate. Au pied de la piste mythique de Bellevarde, c’est skis à la main, masque réfléchissant et bonnet à pompon blanc sur la tête que Maxime Durville s’engouffre dans une cabine à huit places pour présenter son projet de chargeur électrique format carte de crédit.

« Convaincre en moins d’une minute »

Face à Maxime, la concurrence est de qualité : Christopher Simon et son projet de communauté de joueurs en réseau, Basile Grimaud qui présente une application mobile dédiée au tourisme et Mathieu Jacquot qui a déjà créé son Sunkiosk, une borne de recharge solaire accessible au public, idéal pour donner un coup de fouet à son smartphone lorsqu’on est loin de toute prise électrique. Du fun donc, mais des projets sérieux, des centaines d’heures de travail et des mois ou des années d’investissement.

Pour les départager, des enseignants de l’école de commerce grenobloise - Béatrice Nerson, directrice des programmes, Sandrine Vivian, professeure au département gestion, droit et finance, mais également des spécialistes de l’incubation comme Gaëlle Ottan, fondatrice de 1001 StartUps, plateforme dédiée à l’entrepreneuriat.

Skis et surf posés dans les racks, les futurs manageurs s’engouffrent dans la cabine et « pitchent » leur projet le temps de passer les trois premiers pylônes. Lors du reste de la montée, le jury questionne en rafale pour identifier forces et faiblesses de chaque projet. Un examen « super rapide », reconnaît Béatrice Nerson. « Quand un entrepreneur rencontre un investisseur, il doit pouvoir le convaincre en moins d’une minute, le temps de quelques étages dans un ascenseur », défend un habitué de ce type d’exercice.

Compétition d’un nouveau genre

Evaluation éclair de la cohérence du projet, questions sur la réalisation d’une étude de marché, les perspectives de partenariat, la demande des consommateurs… les chances d’existence de la petite entreprise sont mesurées. « Trop bien ! », s’exclame Christopher Simon en débarquant. Alors que les candidats descendent à ski, le jury rend son verdict, le temps du trajet retour. « Trop nombreux sur le projet », « trop technologique », « sur un marché trop concurrentiel »… Un par un, les projets les moins convaincants sont écartés puisqu’il ne doit, au final, n’en rester qu’un.

Le vainqueur de cette compétition en montagne d’un genre nouveau est finalement désigné : Samuel Durand, 20 ans et élève d’EM Grenoble, pour son projet baptisé Eskiv, une marque de prêt à porter de vêtements bios. Sa différence sur un marché concurrentiel : « des visuels en lien avec la montagne et l’aventure sur des produits de grande qualité », explique le jeune entrepreneur, qui empoche les 1 500 euros du premier prix. Il reste à trouver des distributeurs. L’étudiant compte sur le coup de projecteur que lui offre cette première victoire skis aux pieds pour faire rebondir son projet.