Rosa-Maria Da Cruz, la mère de Séréna, au premier jour du procès à Tulle. / GEORGES GOBET / AFP

Après avoir passé les deux premières années de sa vie dans un coffre de voiture, Serena, aujourd’hui âgée de 7 ans, est désormais une enfant qui a « une bonne forme physique » mais avec des « déficiences majeures ». C’est ce qu’a retenu, mardi 13 novembre, Gilles Fonrouge, le président de la cour d’assises de la Corrèze, après avoir visionné une vidéo de la jeune fille au cours du deuxième jour du procès de la mère de l’enfant, Rosa-Maria Da Cruz.

Cette dernière est poursuivie pour violences suivies de mutilation ou infirmité permanente sur mineur de 15 ans par ascendant, privation de soins ou d’aliments compromettant la santé d’un enfant, et dissimulation ayant entraîné atteinte à l’état civil d’un enfant. Elle est accusée d’avoir élevée sa fille dans le coffre de sa voiture, jusqu’à ce qu’un garagiste de Terrasson (Dordogne) découvre l’enfant par hasard en octobre 2013. Le tout en le cachant à son mari et à ses trois autres enfants. Pour sa défense, elle invoque un « déni de grossesse », allant au-delà de la naissance.

« Elle était dans un état tellement épouvantable »

La cour d’assises ne pourra pas voir Séréna, et une vidéo de la petite fille a été diffusée lundi à huis clos à l’intention des magistrats, rapporte l’Agence France-Presse (AFP). « L’emmener ici, ce serait la détruire un peu plus. Impossible », a expliqué mardi, l’avocate du service d’aide sociale du département, Isabelle Faure-Roche. Sur ces images, l’enfant est apparue « assez pleine de vie », « plutôt jolie », en « bonne forme physique », et avec « quelques capacités de coordination sur des choses simples », a résumé M. Fonrouge. Même s’il a relevé une « absence de communication spontanée » de la part d’une enfant « imperméable aux interactions autour d’elle ».

Séréna a aujourd’hui toujours du mal pour s’exprimer. Sur la vidéo, on perçoit le son qu’émet l’enfant, un « mouvement de succion permanente de la langue », a expliqué Marie-Pierre Peis-Hitier, l’autre avocate du service d’aide sociale. Qui n’a perçu clairement qu’un mot, « non », lorsque Séréna exprime un refus.

« On lui a appris à marcher, à courir, à faire du vélo, on lui a appris à mâcher. Elle n’a pu mâcher des aliments que l’an dernier, à l’âge de 6 ans », poursuit Me Faure-Roche :

« Mais ce qui est cérébral, c’est irrécupérable. Elle était dans un état tellement épouvantable que, pour simplifier, son cerveau s’est déconnecté pour ne plus sentir le froid, la faim, la peur. Et aujourd’hui, on ne peut pas reconnecter ce qui a été déconnecté. (...) On espère encore une progression. Là on est dans une phase de progrès, très limites mais de progrès. »

Séréna fait désormais l’objet d’une « scolarisation très partielle en milieu spécialisé, adapté, quelques jours par semaine », en institut médico-éducatif, (IME) a précisé Sophie Quériaud, directrice de l’aide sociale enfance et famille de la Corrèze. Même si, a rappelé mardi Me Faure-Roche, « entrer dans une voiture pour cette petite fille, c’est une épreuve ». Elle met dix minutes à chaque fois « avant de lâcher les bras de sa mère d’accueil ».