« On cherchera l’efficacité, les résultats et on les obtiendra ! », a lancé Anne Hidalgo, lundi 27 mars, au conseil de Paris. Mégots, déjections, restes de repas… 3 000 tonnes de déchets sont ramassées chaque jour à Paris. Face à cette « tâche immense », selon Mao Peninou, adjoint (PS) à la propreté, la mairie de Paris a présenté un plan de bataille – sur plusieurs fronts – pour la propreté, lundi 27 mars, au conseil de Paris.

La ville entend tout d’abord réformer la collecte des déchets : achat de matériels de propreté à hauteur de 22 millions d’euros (qui s’ajoutent aux 38 millions engagés depuis 2014) ; renfort de personnel ; lutte contre l’abstentionnisme, « trop élevé » selon M. Peninou (les éboueurs travailleront désormais 7 h 42 par jour au lieu d’alterner « grande » et « petite » journées) ; modification des horaires de passage des bennes dans les quartiers les plus fréquentés par les touristes ou très animés la nuit.

La ville mise aussi sur une coordination des agents des parcs et jardins, de la voirie et de la propreté pour intervenir, au sein d’« équipes transversales » sous l’autorité d’un « responsable de quartier », sur les sites les plus sales signalés par les maires d’arrondissement. Un plan de lutte contre la prolifération des rats dans plusieurs parcs et jardins de la ville est également engagé (1,5 million d’euros).

« Bataille culturelle »

Mais « la propreté dépend aussi des comportements de chacun », a rappelé Mme Hidalgo. La maire de Paris entend mener « une bataille culturelle » contre les « incivilités qui dégradent le visage de Paris » (350 tonnes des mégots sont ramassées chaque année). Si l’objectif n’est pas nouveau, la ville estime avoir désormais réuni les moyens pour l’atteindre. A travers notamment une répression accrue : une « brigade des incivilités » a été créé à l’automne 2016. Désormais, 700 agents sont habilités à verbaliser le jet de mégots (l’amende a été portée de 35 à 68 euros en octobre 2015) mais aussi les déjections canines ou humaines et les dépôts sauvages. Leurs effectifs passeront à près d’un millier d’ici à l’été 2018. Ces agents auront des moyens accrus d’investigation pour rechercher les auteurs de dépôts de déchets sur la chaussée qui ont entraîné plus de 4 500 procès-verbaux en 2016.

La ville veut aussi développer les « bonnes pratiques » en multipliant les campagnes de sensibilisation dans les écoles et sur les réseaux sociaux. Une « journée du grand nettoyage » organisée chaque année invitera les habitants à nettoyer leur quartier.

Le plan de la maire de Paris a donné lieu, lundi, à un pilonnage en règle de la droite et du centre. Patronne du groupe Les Républicains, Nathalie Kosciusko-Morizet a estimé que le manque de propreté était « le sujet numéro un des interpellations dans nos permanences et dans nos mairies d’arrondissement ». Elle a jugé insuffisantes les embauches d’éboueurs pour combler les « quelque 700 agents, selon elle, qui manquent à l’appel chaque jour », du fait de l’absentéisme. 

« C’est le plan de la dernière chance », a ironisé Florence Berthout, maire (LR) du 5arrondissement. « Le tout répressif pour lutter contre les incivilités en matière de propreté risque surtout de renflouer les caisses de la ville sans résultats probants », a-t-elle poursuivi.

Une mission d’information et d’évaluation sur la propreté, coprésidée par Eric Lejoindre, maire (PS) du 18e, et par Mme Berthout, devra rendre ses travaux d’ici à six mois. La droite et le centre y militeront pour une refonte de la gestion de la propreté à Paris qui impliquerait de donner « plus de pouvoirs aux maires d’arrondissement ». M. Peninou s’est dit conscient de la nécessité de renforcer l’action de proximité. Mais il a mis au défi l’opposition de proposer « des solutions réalisables » autrement dit, compatibles avec le respect du statut des agents de la ville.