TV : « Oubliées ou sacrifiées : la révolte des classes moyennes »
TV : « Oubliées ou sacrifiées : la révolte des classes moyennes »
Par Alain Constant
Notre choix du week-end. Michaëlle Gagnet a suivi durant plusieurs plusieurs mois des hommes et des femmes qui racontent leur épuisement (dimanche 2 avril, sur M6, à 21 heures).
Ophélie Meunier | Lou BRETON / M6
A quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle, ces deux heures consacrées aux difficultés des classes moyennes françaises ne vont pas améliorer le climat ambiant. Paupérisés, déclassés, endettés, débordés, épuisés, les hommes et les femmes suivis durant des mois par l’équipe de « Zone interdite »présentent des profils très divers (infirmière libérale, garagiste indépendant, cadre retourné vivre chez sa mère, septuagénaire obligé de continuer à trimer…) et leurs paroles font souvent mal.
Une réalité brutale
Pour beaucoup, la peur de dégringoler l’échelle sociale ne les quitte pas. Et pour certains, qui ont très bien vécu dans le passé, la chute est une réalité brutale. Face à des huissiers, devant les tribunaux réglant des cas de surendettement, la honte est palpable, douloureuse.
Classes moyennes ? Dans un pays où tout le monde (ou presque) croit en faire partie, cette classification a besoin d’un cadre un peu rigoureux. Pour l’auteur de ces reportages, appartiennent à la classe moyenne celles et ceux dont les revenus oscillent entre 1 350 et 2 800 euros pour une personne seule, et de 2 800 à 6 000 euros pour un couple avec deux enfants.
En France, cela fait du monde. On y trouve la grande masse des employés mais aussi des petits patrons, des salariés indépendants et de plus en plus de professions libérales incapables de faire face à leurs traites. Trop riches pour être aidés, trop pauvres pour s’en sortir ? La réalité est plus nuancée mais souvent difficile à vivre, régulièrement nourrie par ce sentiment de faire beaucoup de sacrifices, de travailler énormément pour un revenu peu satisfaisant.
Un malaise que n’ont pas connu les générations précédentes, comme le constatent les parents, aujourd’hui retraités, d’Hélène, une infirmière libérale, mère de deux enfants, mariée à un petit patron garagiste qui travaille douze heures par jour, et dont les deux salaires ne suffisent pas à leur offrir une vie dénuée d’angoisses et de fins de mois délicates.
Face caméra, le père de cette infirmière, dont les journées professionnelles s’étalent de 6 heures à 20 heures, lance : « Je ne comprends pas. La vie, ce n’est tout de même pas que du travail ! » Sa fille lui répond qu’elle n’a pas le choix. Pas belle la vie.
Oubliées ou sacrifiées : la révolte des classes moyennes, de Michaëlle Gagnet (France, 2017, 120 min).