Les Pays-Bas cherchent une utilité à leurs prisons vides
Les Pays-Bas cherchent une utilité à leurs prisons vides
Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant)
Le royaume ne compte plus que 9 000 détenus, deux fois moins qu’il y a dix ans.
L’ancienne prison de De Koepel à Haarlem, aux Pays-Bas, accueille dorénavant des migrants. | Muhammed Muheisen / AP
Aux Pays-Bas, le « problème » des prisons est qu’un tiers des cellules sont vides. Le gouvernement réfléchit à utiliser autrement certains établissements pour éviter de devoir licencier de 2 000 à 3 000 membres du personnel pénitentiaire. Selon le Conseil de l’Europe, le royaume comptait, en 2015, 53 détenus pour 100 000 habitants – bien moins que la France (98,3). Début 2016, il ne recensait plus que 9 000 détenus, deux fois moins qu’il y a dix ans.
Certaines de ces prisons désaffectées, dont plusieurs sont neuves, servent de logements d’urgence ou pour les demandeurs d’asile, d’autres sont louées à des pays étrangers, comme la Norvège et la Belgique. Cette dernière a décidé, dès 2009, de louer, pour 30 millions d’euros (gardiens compris), la maison d’arrêt de Tilburg afin d’y placer des prisonniers : leur nombre augmente en Belgique, où le taux de surpopulation dépasse 30 % dans la plupart des prisons.
Plus répressive mais moins carcérale
Comment expliquer le « cas néerlandais » ? La criminalité recensée y est en baisse. Surtout, le phénomène s’explique par l’évolution de la politique pénale, plus répressive mais moins carcérale. Les juges envoient beaucoup moins en prison et recourent davantage aux amendes, au port du bracelet électronique et aux travaux d’intérêt général. Ces derniers peuvent aboutir à diviser par deux une condamnation : un individu condamné à dix mois de détention effectuera cinq mois s’il va travailler dans les cuisines d’un hôpital.
Depuis une dizaine d’années, le ministère public peut en outre décider seul d’une sanction qui ne prive pas un suspect de sa liberté, ce qui a eu pour effet de désengorger à la fois les tribunaux et le système carcéral.
Une partie de la baisse du nombre de détenus s’explique par deux autres facteurs. Les personnes auparavant maintenues dans des prisons psychiatriques dépendent désormais de l’hôpital. Enfin, le nombre d’étrangers en situation irrégulière incarcérés a fondu en raison d’une limitation de la durée de leur rétention et d’expulsions plus nombreuses.