Mal-logement : trois chiffres pour comprendre l’appel de la Fondation Abbé Pierre aux candidats
Mal-logement : trois chiffres pour comprendre l’appel de la Fondation Abbé Pierre aux candidats
Par Arthur Laffargue
L’association d’aide aux démunis a adressé lundi aux candidats à la présidentielle un plan « pour en finir avec la vie à la rue ».
La Fondation Abbé Pierre a adressé aux candidats à la présidentielle, le 3 avril 2017, un plan « pour en finir avec la vie à la rue ». | PHILIPPE DESMAZES / AFP
En présentant « SDF : objectif zéro ! », un plan en six mesures pour « en finir avec la vie à la rue » adressé aux prétendants à la fonction présidentielle, Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, a exigé lundi 3 avril un « engagement fort » des candidats sur le logement. « Cette ambition, nous ne l’avons pas encore retrouvée », a-t-il regretté. La Fondation appelle les postulants à l’Elysée à mettre en « œuvre son plan dès les premières semaines du quinquennat ».
En finir avec les expulsions, aider les bailleurs privés et rendre les HLM plus accessibles aux foyers les plus pauvres, voici trois chiffres pour expliquer ce que préconise l’association d’aide aux démunis.
Comme le nombre d’expulsions en 2015. Un chiffre en hausse de presque 25 % par rapport à l’année précédente et qui comptabilise toutes les interventions où la force publique a été nécessaire.
Depuis 2009, la Fondation Abbé Pierre a mis en place une « permanence téléphonique de prévention des expulsions ». Un outil qui permet, selon Christophe Robert, de constater un « décalage très fort entre les ressources des ménages très limitées d’un côté et les coûts du logement qui restent assez élevés de l’autre ». Forcément, au bout d’un moment, « ça ne passe plus ».
Pour remédier à la hausse des expulsions, le plan de la Fondation Abbé Pierre comprend « une garantie universelle des loyers », qui créerait un fonds pour « compenser une partie des difficultés rencontrées par les locataires en cours de bail ».
Comme son nom l’indique, la garantie universelle serait étendue à tous et non plus seulement aux moins de 30 ans, comme le prévoit le dispositif actuel de la loi Alur. Coût de la proposition ? « Difficile à chiffrer, estime le délégué général de la fondation. Sans doute entre 200 et 300 millions d’euros supplémentaires par an. »
C’est le nombre de nouveaux logements sociaux avec bail privé que souhaite établir chaque année la Fondation Abbé Pierre. Les biens conventionnés avec l’Agence nationale de l’habitat (Anah) étaient moins de 10 000 en 2015. « Le parc social ne peut pas, à lui seul, accueillir tous les ménages en difficulté », justifie l’association dans son plan publié lundi.
Pour quadrupler le parc privé à destination des foyers précaires, il faudrait mettre sur la table « entre 100 et 500 millions d’euros par an », chiffre Christophe Robert. Un investissement qui servirait d’abord à établir un guichet unique pour les propriétaires privés souhaitant conventionner leur logement. A l’heure actuelle, certaines compensations sont fournies par l’Etat et d’autres par les municipalités.
Les sommes avancées permettraient également de passer d’une simple déduction fiscale « à un crédit d’impôt en plus d’une exonération de taxe foncière », imagine Christophe Robert. Surtout, les propriétaires privés qui voudraient reconvertir leur bien en logement social recevraient des garanties supplémentaires en cas d’impayés ou de dégradations. De quoi rendre le logement « plus attractif pour les bailleurs privés ».
Pour une attribution de logement social à un ménage à revenu très modeste (moins de 500 euros par mois et par unité de consommation), il y a 5,4 demandes qui attendent d’être traitées. Soit près de 40 % d’attente supplémentaire par rapport à la moyenne des autres ménages. Un comble pour des personnes censées être en difficulté extrême pour se loger.
« Certains logements sociaux sont trop chers, explique Christophe Robert. Même les APL [aides personnalisées au logement] ne compensent pas le montant du loyer. » La Fondation Abbé Pierre veut donc mettre l’accent en priorité sur le logement plutôt que sur les hébergements d’urgence, notamment dans les chambres d’hôtel, qui coûtent 1,3 milliard d’euros par an à l’Etat.
« Il faut donc construire des logements sociaux, analyse le délégué général de la fondation. Mais il faut aussi accompagner ces ménages, pour s’assurer qu’ils paient leur loyer. »