Le stade ultramoderne Pierre-Mauroy, d’une capacité de 50 283 places, a ouvert ses portes à l’été 2012. | EMMANUEL DUNAND / AFP

Le président de la Métropole européenne de Lille (MEL), Damien Castelain, a été mis en examen mercredi 5 avril pour « favoritisme » et « corruption ». Il est visé par une enquête sur l’attribution du marché du Grand Stade de Lille au groupe Eiffage en 2008, a-t-on appris auprès de son avocate.

M. Castelain (sans étiquette) « a été mis en examen pour corruption et favoritisme. Mais à l’époque de l’attribution du marché, il n’était qu’un des très nombreux élus communautaires, il n’était pas aux commandes de la MEL ! », a déclaré son avocate, Florence Rault. Son client avait été placé en garde à vue lundi, avec quatre autres personnes, un autre ancien élu communautaire, deux anciens cadres d’Eiffage et un gérant de société.

  • L’affaire

Le projet du Grand Stade de Lille, inauguré à l’été 2012, a été développé au cours des présidences successives à la communauté urbaine de Pierre Mauroy et de Martine Aubry. L’enceinte ultramoderne de 50 283 places héberge principalement les matchs à domicile du LOSC, club de football de Lille, et a accueilli des matchs de l’Euro 2016.

Pour ce marché de 314 millions d’euros, selon la Métropole européenne de Lille, Eiffage était en concurrence avec le consortium Norpac-Bouygues, qui proposait un projet à 268,5 millions d’euros, et avec Vinci et son projet à 324 millions d’euros.

Une information judiciaire avait été ouverte le 1er octobre 2012 à la suite d’une plainte avec constitution de partie civile déposée par Eric Darques, ancien élu (RPF) de Lambersart (Nord). M. Darques voulait comprendre pourquoi le chantier a été attribué à Eiffage, dont le projet présentait pourtant un surcoût de 108,5 millions d’euros par rapport à celui du consortium Norpac-Bouygues.

Selon lui, un premier rapport adressé aux élus de la communauté urbaine pour alimenter leur réflexion, daté du 23 janvier 2008, donnait la meilleure note au groupe Norpac-Bouygues, alors qu’un autre rapport, daté du 1er février 2008, jour du vote, mais rédigé selon lui postérieurement, notait plus favorablement le groupe Eiffage.

  • L’enquête

La MEL a été mise en examen le 15 novembre 2016 en tant que personne morale pour favoritisme, et l’enquête a été élargie en décembre 2016 aux chefs de « corruption » et de « trafic d’influence ». Selon le parquet, cinq personnes sont actuellement en garde à vue dans ce dossier.