Henrique Capriles tenant une copie de la Constitution vénézuélienne lors d’un rassemblement contre le président Maduro à Caracas, le 6 avril. | CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS

Le chef de l’opposition vénézuélienne, Henrique Capriles Radonski, gouverneur de l’Etat de Miranda (périphérie de Caracas) et deux fois candidat à la présidence de la République, a dénoncé, vendredi 7 avril, que la Cour des comptes l’avait privé de ses droits politiques pendant quinze ans. Le motif invoqué est la reconduction du budget de son gouvernorat. « L’Etat de Miranda doit être dirigé par un révolutionnaire », a justifié le député Héctor Rodriguez, chef du groupe parlementaire chaviste.

Jeudi, à Caracas, M. Capriles avait pris la tête d’une manifestation contre le président Nicolas Maduro et son « coup d’Etat permanent » pour neutraliser l’Assemblée nationale, contrôlée par l’opposition anti-chaviste. Les manifestants avaient été durement réprimés par la police. Un étudiant de 18 ans est mort d’une balle dans la poitrine.

L’annonce de M. Capriles a enflammé les réseaux sociaux à la veille d’une nouvelle manifestation de l’opposition prévue dans la capitale. Selon le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), c’est un procédé typique des « dictatures » : « Seul le peuple peut écarter un homme politique par des élections », a déclaré Luis Almagro, devenu la bête noire de M. Maduro. L’OEA a demandé au Venezuela de respecter le calendrier électoral et de libérer les prisonniers politiques, alors que le pouvoir a suspendu sine die les élections de gouverneur de 2016.

« Empêché les candidatures des opposants populaires »

« L’élection présidentielle de 2018 risque de ne pas être un scrutin ouvert et compétitif, mais une farce privée des principaux acteurs de l’opposition », estime Jesus « Chuo » Torrealba, ancien secrétaire exécutif de la Table de l’unité démocratique, la coalition électorale des opposants, qui a remporté une large victoire aux législatives de décembre 2015. L’ancien président Hugo Chavez (1999-2013) avait été élu et réélu haut la main, contrairement à son successeur Nicolas Maduro, élu de justesse. Selon des sondages, 80 % des Vénézuéliens souhaitent un « changement », mais « le chavisme n’accepte pas l’alternance », affirme Colette Capriles, politologue à l’université Simon Bolivar.

« Le gouvernement Maduro ne veut pas organiser des élections tant qu’il ne sera pas capable de changer le rapport de forces, renchérit le défenseur des droits de l’homme Rafael Uzcategui. Il sera sans doute obligé de tenir la présidentielle de 2018, mais à la manière du Nicaragua, après avoir empêché les candidatures des opposants les plus populaires. » Et d’ajouter : « Le pouvoir est confisqué par les secteurs radicaux du chavisme. »

Après la condamnation sans preuve de l’opposant Leopoldo Lopez et l’interdiction arbitraire de Henrique Capriles, « la façade démocratique de Maduro relève désormais de la fantaisie », assure de son côté José Miguel Vivanco, de Human Rights Watch.