Image satelitte de la base de l’armée syrienne, cible d’un bombardement de l’armée américaine, le 7 avril. | AP

Washington persiste et signe. Les Etats-Unis ont averti, vendredi 7 avril, qu’ils étaient prêts à frapper de nouveau les forces de Bachar Al-Assad, au lendemain du bombardement d’une base de l’armée syrienne qui a déclenché la colère de Damas et de ses alliés russe et iranien.

« Nous espérons que cela ne sera pas nécessaire », a toutefois tempéré devant le Conseil de sécurité l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley. La diplomate s’exprimait lors d’une réunion d’urgence de l’exécutif onusien consacrée à la première action militaire du pays contre le régime en six ans de guerre.

La frappe a eu lieu trois jours après une attaque chimique présumée contre une ville rebelle du nord-ouest de la Syrie, pour laquelle le pouvoir en place a été pointé du doigt. Si le Pentagone soupçonne Damas d’avoir été aidé pour mener à bien l’opération, les militaires américains ne sont pas allés jusqu’à accuser Moscou.

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La salve de missiles de croisière a, en tout cas, provoqué la colère de la Russie. « Les Etats-Unis ont attaqué le territoire souverain de la Syrie. Nous qualifions cette attaque de violation flagrante de la loi internationale et d’acte d’agression », a déclaré le représentant du Kremlin à l’ONU, Vladimir Safronkov, lors de la réunion du Conseil de sécurité.

La réaction russe « est très décevante », a regretté, de son côté le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, dont la visite à Moscou prévue la semaine prochaine n’a pas été annulée pour le moment.

« Les Etats-Unis n’attendront plus »

Le secrétaire général des Nations unies, la France et le Royaume-Uni ont continué de plaider en faveur d’une solution « politique » en Syrie. Peu avant la réunion du Conseil, Antonio Guterres avait ainsi appelé à la « retenue ».

Les frappes ont été ordonnées dans la soirée de jeudi par le président Donald Trump, qui s’était pourtant toujours prononcé contre une intervention directe contre le régime syrien. Il n’a pas non plus cherché à obtenir d’aval de la communauté internationale. « Les Etats-Unis n’attendront plus qu’Assad utilise des armes chimiques sans conséquences. Ces jours sont révolus », a fait valoir, vendredi, Nikki Haley.

En difficulté depuis des mois, la coalition de l’opposition politique syrienne a applaudi l’opération américaine. Elle a également été bien accueillie par les autres pays impliqués dans le conflit, comme la Turquie. En 2013, Barack Obama avait déçu les pays arabes soutenant les forces antigouvernementales en renonçant à frapper le régime après une attaque aux armes chimiques près de Damas qui avait fait plus de 1 400 morts, selon le bilan du renseignement américain.

La piste de décollage épargnée

L’efficacité du bombardement de jeudi est toutefois mise en cause. Une source militaire syrienne a rapporté à l’Agence France-Presse que l’armée avait eu vent de l’action américaine et avait « pris des précautions ». La Russie a aussi souligné que moins de la moitié seulement des missiles lancés avaient explosé sur la base visée.

L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a semblé accréditer cette thèse et a noté que deux avions de chasse syriens avaient pu redécoller de la base dès vendredi pour mener de nouvelles frappes, près de Palmyre. Face à ces critiques, Rex Tillerson a précisé que les Américains avaient délibérément épargné la piste de décollage elle-même, sans toutefois expliquer pourquoi.

Syrie : pourquoi les armes chimiques choquent-elles plus que les autres ?
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