La peine capitale recule, sauf en Chine
La peine capitale recule, sauf en Chine
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Plus de 90 % des exécutions répertoriées dans le monde ont lieu dans cinq pays : Chine, Iran, Arabie saoudite, Irak et Pakistan.
En Chine, le nombre d’exécutions reste classé secret d’Etat, mais le pays continue de mettre à mort « des milliers de personnes » chaque année, davantage que tous les autres pays réunis, selon Amnesty International. | Andy Wong / AP
La Chine a de nouveau exécuté l’an dernier plus de condamnés à mort que le reste des pays de la planète, affirme Amnesty International (AI). Dans son rapport annuel sur la peine de mort, publié mardi 11 avril, l’association de défense des droits de l’homme estime à au moins 1 032 le nombre d’exécutions dans le monde en 2016 dans 23 pays, en dehors de la Chine, soit un repli de 37 % par rapport au chiffre de 2015. Le recul de la peine capitale est dû à des chutes drastiques des exécutions en Iran (baisse de 42 %, avec 567 exécutions recensées) et au Pakistan (87 exécutions, recul de 73 %). Plus de 90 % des exécutions répertoriées dans le monde ont lieu dans cinq pays : Chine, Iran, Arabie saoudite, Irak et Pakistan.
Plus de 3 000 personnes dans 55 pays ont été condamnées à mort l’an dernier, soit une hausse de 56 % par rapport à 2015, ajoute AI. Mais il reste difficile d’évaluer le nombre précis d’exécutions en Chine, parce qu’elles ont lieu souvent en secret, et que le gouvernement ne publie aucun chiffre, mais elles se comptent par « milliers », selon Amnesty.
Un secret d’Etat en Chine
L’ONG a identifié « des centaines de cas » de condamnations à mort non répertoriées dans une base de données nationale en ligne que Pékin avait lancée comme gage de sa « transparence ». Ainsi, sur 931 exécutions annoncées publiquement entre 2014 et 2016 – soit « seulement une fraction du nombre total d’exécutions » – seules 85 étaient mentionnées dans cette base de données, où de nombreuses condamnations pour « terrorisme » ou crimes liés à la drogue ne figurent pas. L’ONG fustige le classement comme secret d’Etat de « la plupart des informations » sur la peine capitale, en raison d’une définition juridiquement très vague.
De son côté, Pékin met en avant la réduction de la liste des crimes passibles de la peine de mort, désormais ramenés à une quarantaine. Une réforme de 2007 exigeant l’approbation de la Cour suprême chinoise pour toutes les sentences capitales a également entraîné un recul des exécutions, selon certaines organisations.
Duihua, une autre ONG de défense des droits de l’homme, estime à « approximativement 2 000 » le nombre d’exécutions en Chine en 2016, contre 2 400 trois ans auparavant. Pour sa part, Human Rights Watch avait estimé en 2014 que le nombre des exécutions dans le pays « était tombé sous le seuil de 4 000 [par an] ces dernières années », contre 10 000 une décennie auparavant.
Recul aux Etats-Unis
A l’inverse, pour la première fois dix ans, les Etats-Unis ne figurent plus dans la liste des cinq pays qui exécutent le plus. Il y a eu 20 condamnations à morts exécutées l’an dernier, le plus petit nombre depuis 1991. Washington est septième, derrière l’Egypte. L’essentiel des mises à mort aux Etats-unis ont eu lieu en Géorgie et au Texas.
Dix-neuf Etats sur les 50 ont aboli la peine capitale. Quand au nombre de condamnations à mort prononcées par les tribunaux, 32, il est au plus bas depuis 1973. « La baisse du nombre d’exécutions est aussi due en partie à des recours en justice portant sur les protocoles d’injection létale et à des difficultés pour se procurer les substances utilisées pour les exécutions dans plusieurs Etats », relève Amnesty International.