Prendre de la hauteur pour ne pas s’affaisser, glisser. Alors qu’Emmanuel Macron perd du terrain dans les sondages, il s’est offert, mercredi 12 avril, une virée en montagne dans la station pyrénéenne de La Mongie, à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), où il a passé les vacances de son enfance. L’ancien ministre s’y était déjà rendu l’été dernier pour assister à l’étape Pau-Luchon du Tour de France, « où Christopher Froome avait obtenu le maillot jaune en attaquant sur le dernier col ».

« Il a eu le maillot jaune là et ne l’a plus lâché », a rappelé le candidat d’En marche !, désormais talonné par Jean-Luc Mélenchon qui lui a ravi la place de personnalité politique préférée des Français (selon un sondage Ipsos diffusé mercredi) et François Fillon, qui s’accroche dans le quatuor de tête. « Il faut garder le maillot jaune quand on l’a », a résumé M. Macron, chaussures de montagne aux pieds, jean, doudoune et lunettes noires.

Pour cette visite symbolique dans son « pays de Cocagne », son équipe lui avait préparé une séquence de communication à la fois corsetée (En marche ! avait choisi les journalistes qui pouvaient la couvrir) et parfaitement huilée, qui rappelait les fameuses « cartes postales » qu’aimait envoyer Nicolas Sarkozy aux Français. Le glamour : ascension en télésiège vers les cimes aux côtés de sa femme Brigitte, l’occasion de beaux clichés pour papier glacé d’un couple en route pour le pouvoir. La convivialité : un tour de chant (montagnard) sur la terrasse du restaurant L’Etape du berger, avec des amis d’enfance. L’émotion : un hommage à sa grand-mère préférée, « Manette » décédée en 2013, symbole de l’ascension et du mérite républicain, sur la tombe de laquelle il s’est recueilli.

Accents exaltés

Alors que le leader d’En marche !, qui reste méconnu des Français, se voit souvent reprocher de cultiver le flou et l’ambiguïté, il a tenté d’afficher une incarnation et des « racines ». « C’est là où j’ai appris à marcher, à skier, à faire du vélo », a-t-il expliqué. « Il ne faut jamais oublier d’où on vient (…), jamais perdre ses repères », a-t-il ajouté.

En début de soirée, Emmanuel Macron a retrouvé à Pau son bienfaiteur et allié, François Bayrou, dont le précieux soutien en février lui avait permis de sortir sa campagne d’une mauvaise passe. Les deux hommes se sont livrés à une mini-déambulation sur la place Royale, cernés par un essaim compact de caméras et de photographes, dans une indescriptible bousculade que tentait vainement de réguler le maire de Pau.

A la tribune d’un Zénith bondé, M. Bayrou a ensuite rendu un hommage vibrant à son cadet, dont il a loué le « caractère ». « Nous sommes rassemblés parce que nous voulons que vous soyez le prochain président, a-t-il lancé, vantant la jeunesse du candidat.  A votre âge, Bonaparte était au pouvoir depuis dix ans et empereur depuis six ans, Alexandre le Grand avait depuis longtemps conquis le monde. »

Devant plus de 5 000 personnes désireuses de vibrer, parfois en vain, M. Macron a jugé qu’il était le seul à être en capacité de « rassembler les Français, réconcilier les France ». « La page que nous allons tourner est à portée de main, a-t-il conclu, retrouvant les accents exaltés de certains de ses meetings. Nous allons gagner. »