LA LISTE DE NOS ENVIES

Nous avons aimé la série d’animation adaptée de la BD « Petit Poilu », pleine d’une tendresse qui baigne aussi le documentaire sur deux jumeaux autistes accompagnés par leur mère sur le difficile chemin de la parole.

Un petit héros au poil

Petit Poilu 1 AVOIR RARE
Durée : 03:30

Haut comme trois pommes, une bouille noire toute ronde, un nez rouge, de grands yeux expressifs, une poignée de tifs dressés sur la tête et un corps de Schtroumpf, Petit Poilu suscite d’emblée la sympathie. Le héros de la BD de Pierre Bailly et Céline Fraipont (éd. Dupuis) n’a pas froid aux yeux. Gourmand, curieux, aventurier, il se lève et se prépare à aller à l’école, chaque matin, avec la pêche. En chemin, un tas de péripéties et de surprises surviennent, auxquelles il fait face avec courage. Des expériences qui l’enrichissent et l’aident à grandir. Trait net, couleurs acidulées, sans paroles mais bourrée d’onomatopées, cette adaptation télé demeure fidèle à la BD, conserve son ton optimiste et tendre, son originalité et sa richesse narrative. Chaque épisode est une petite pépite. Craquant. Véronique Cauhapé

Petit Poilu, série d’animation adaptée de la BD de Pierre Bailly et Céline Fraipont et réalisée par Olivier Brugnoli (78 x 7 min). Les samedis et dimanches à 7 heures et 15 h 30 ; du lundi au vendredi à 7 heures et 16 h 30 sur Piwi +. En replay sur Piwiplus.fr. A partir de 3 ans.

Communiquer, à tout prix

Ils ont tant de choses à nous dire, et pourtant… Dans une société où les moyens de communication pullulent, Hedi et Issa, deux jumeaux âgés de 4 ans, doivent dépasser leur handicap pour pouvoir s’exprimer autrement qu’avec des sons ou des cris. Cette forme d’autisme, Morgane Doche la connaît bien. La jeune femme de 29 ans est muette depuis l’âge de 3 ans. Pour autant, elle ne s’est pas laissé abattre par la maladie, bien au contraire. Après un court-métrage – A cœur ouvert, prix Infracourt en 2014 –, la réalisatrice propose aujourd’hui, avec Nous avons tant à nous dire, un documentaire touchant sur ces jumeaux.

Telle une marraine, elle a suivi durant un an l’évolution des deux garçons, en passe d’échanger leurs premières phrases, eux qui ne communiquaient qu’à l’aide d’onomatopées. Cette première victoire, Hedi et Issa la doivent notamment à Elodie, leur mère, qui a investi un temps et une énergie considérables pour que ses enfants puissent « se sentir vivants » au quotidien. Le film permet ainsi de montrer le travail de cette mère, qui doit parfois jouer le rôle d’éducatrice, voire d’orthophoniste. Témoin des progrès des deux frères, Morgane pense que « leur besoin de communiquer fera sauter, un jour, ces murs qui les empêchent de parler ». C’est tout ce qu’on leur souhaite. Nabil Hallaoui

Nous avons tant à nous dire, de Morgane Doche (Fr., 2017, 70 min). Sur Pluzz, jusqu’au 18 avril.

Ceci n’est pas un graffiti

VLP - Fresque Paris 4 - Ceci n'est pas un graffiti
Durée : 02:31

Assisterait-on à la reconnaissance d’un art longtemps controversé ? C’est à cette question, entre autres, que tentent de répondre Jim Gabaret et Samuel Boujnah, réalisateurs de Ceci n’est pas un graffiti, une websérie coproduite par Arte. Constituée de 10 épisodes d’une durée d’environ 6 minutes chacun, cette série est consacrée au street art. Parce que les graffitis ne sont pas de simples inscriptions fustigeant les forces de l’ordre, des artistes comme Speedy Graphito, Jean-Charles de Castelbajac ou Miss. Tic – non, toujours pas de Banksy à l’horizon – révèlent les dessous d’un art au genre inédit qui, selon le graffeur Blek le Rat, représente « le mouvement le plus important de l’histoire de l’art ».

C’est aussi l’occasion de voir les différentes créations (graffitis, pochoirs, mosaïques…) de dessinateurs qui reviennent sur leur parcours et leur travail. Ces dix volets, tous liés à un thème dépeint par des spécialistes et galeristes, montrent la place qu’occupent les femmes dans ce milieu, et nous apprend notamment qu’Internet et les réseaux sociaux font office de galerie pour certains créateurs. Ils évoquent également la question de leur engagement pour diverses causes (politiques, sociétales, environnementales…) et du caractère éphémère de leurs œuvres. N.H.

Ceci n’est pas un graffiti, de Jim Gabaret et Samuel Boujnah (Fr., 2017, 10 x 6 min). Sur Arte Creative.

Dans les profondeurs du lac Titicaca

Trailer Les secrets engloutis du titicaca
Durée : 05:05

Située sur la frontière entre la Bolivie et le Pérou, cette étendue d’eau de 8 400 km2 ressemble à une mer intérieure bien plus qu’à un lac. Grand comme la Corse, planté à près de 4 000 mètres d’altitude, au milieu de la cordillère des Andes, le lac Titicaca est difficile d’accès. Tout comme le sont les conditions de son exploration. Ainsi que le montre la première fouille archéologique entreprise dans ses eaux, dont la température ne dépasse guère 10 degrés. Et, à une telle altitude, plonger à dix mètres correspond à une descente de 15 mètres dans la mer. Pire, une fois dehors, les plongeurs doivent prendre plus de temps pour récupérer, l’oxygène étant plus rare.

Pas de quoi décourager Christophe Delaere et son équipe, partis à la recherche des traces d’une civilisation pré-inca dans ce lac qui, depuis des siècles, a été un sanctuaire pour les peuples alentour. Pendant des jours, les plongées sont restées vaines. Pas la moindre trace d’une civilisation. Et c’est en changeant d’endroit que les chercheurs ont fini par repérer et remonter des objets. La recherche à laquelle nous assistons a porté ses fruits. Néanmoins, les secrets du lac Titicaca sont loin d’avoir été tous découverts. Et pour cause. Quelques dizaines de mètres carrés de fonds seulement ont été explorés, sur les 600 qui sont potentiellement intéressants. Joël Morio

Les Secrets engloutis du lac Titicaca, de Frédéric Cordier (Belgique, 2016, 52 min). Sur Pluzz jusqu’au 19 avril.