Citroën veut franchir la Grande Muraille
Citroën veut franchir la Grande Muraille
Par Jean-Michel Normand
Le SUV C5 Aircross doit remettre en selle la marque aux chevrons, en difficulté sur le premier marché mondial de l’automobile.
Des lignes ni torturées ni déséquilibrées, pour suggérer le confort et rassurer. | Johannes Eisele / AFP
En Europe, la nouvelle petite C3 doit être le modèle de la reconquête pour Citroën. En Chine, où la marque aux chevrons réalise 20 % de ses ventes, cette mission est dévolue au C5 Aircross. Lancé cet automne avant d’être commercialisé fin 2018 en France, ce SUV de taille intermédiaire, produit à Chengdu et à Rennes, permet au constructeur d’être présent dans une catégorie plébiscitée par la clientèle chinoise et dont la part dans les immatriculations est passée en cinq ans de 10 % à près de 40 %.
Pour avoir négligé cette forte appétence et oublié de renouveler le reste de sa gamme, Citroën, qui fut au début des années 1990 l’une des premières firmes européennes à s’implanter dans le pays, a enregistré en 2016 une glissade de 17 % de ses ventes (à près de 250 000 unités) sur un marché en progression de 18 %. Les constructeurs locaux ont été plus réactifs. En trois ans, ils ont progressé de 12 points en lançant des SUV certes moins raffinés et performants que ceux des marques étrangères, mais facturés à des tarifs inférieurs de 30 à 40 %. « Notre situation en Chine n’est pas acceptable », a admis Carlos Tavares, président du groupe PSA, lors de la présentation du C5 Aircross, à Shanghaï, où le Salon de l’automobile s’est ouvert le 21 avril au public.
Fantaisie à part
Concurrent du Peugeot 3008, du Nissan Qashqai, du Renault Kadjar, du Volkswagen Tiguan ou de la prochaine DS7 Crossback, le C5 Aircross confirme que Citroën a enfin trouvé un style. Ses formes adoucies, moins agressives que la plupart de ses rivales, comme son capot haut et plat, suggèrent quelque chose de rassurant. Le traitement des surfaces, délibérément sobre, privilégie la recherche d’une certaine homogénéité, sans tomber dans la banalisation. Ce véhicule long de 4,50 m offre un espace très vaste à l’arrière – une obligation pour faire carrière en Chine. Deux motorisations essence (165 et 200 ch) sont prévues pour ce pays et une version hybride-rechargeable est attendue en 2019.
Le C5 Aircross s’inscrit dans la nouvelle stratégie de Citroën qui veut se positionner comme une marque généraliste capable d’entretenir un vrai rapport de proximité avec les consommateurs. Citroën, dont on peut regretter qu’il ait mis entre parenthèses le grain de fantaisie qui faisait aussi son charme – pour le C5 Aircross, il faudra se contenter des petits « airbumps », protections latérales stylisées cerclées de couleur –, se pose comme la marque du confort. La démarche vise à trouver un territoire entre Peugeot qui ambitionne de devenir le Volkswagen français et DS qui s’imagine comme une marque premium.
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Le C5 Aircross est la première Citroën à recevoir des suspensions à butée hydraulique progressive qui dissipent l’énergie des amortisseurs. Cette technologie maison prend ici le relais de la défunte suspension hydraulique intimement liée à l’histoire de la firme depuis la Traction. Elle « filtre toutes les déformations de la chaussée » et « offre un effet tapis volant », assurent ses promoteurs. A terme, toute la gamme Citroën pourra en être dotée. Dommage, elle ne sera pas proposée sur toutes les finitions. Fin 2018, le C3 Aircross – un petit SUV qui sera lancé en Europe cet automne – viendra épauler le C5 Aircross. Un renfort qui, admet Carlos Tavares, ne permettra cependant pas d’atteindre l’objectif initial visant à diffuser chaque année, d’ici à 2018, un million de modèles PSA en Chine et en Asie du Sud-Est.