Laurent Wauquiez à son arrivée au siège du parti Les Républicains, au lendemain de l'élimination de François Fillon au premier tour de l'élection présidentielle, le 24 avril. | OLIVIER LABAN-MATTEI/MYOP POUR "LE MONDE"

Appeler explicitement à voter Macron ou non ? Les Républicains (LR) cherchent leur position. Le bureau politique Les Républicains (LR) doit trancher lundi 24 avril à partir de 17 heures. Les dizaines d’élus les plus importants du parti de droite devront se prononcer sur un texte affirmant : « Face au FN, l’abstention n’est pas un choix. On appelle à voter pour battre Marine Le Pen au second tour et pour notre projet d’alternance aux législatives. »

Lundi matin, les principaux responsables du parti avaient laissé éclater leurs divergences lors d’un comité politique à Paris. Certains voulant lancer un appel explicite à voter Emmanuel Macron quand d’autres s’y opposaient. Ils ont finalement opté pour un compromis excluant l’abstention au second tojur de la présidentielle. La vingtaine de membres du comité a décidé de soumettre ce texte au vote du bureau.

Compromis

« C’est un compromis », ont expliqué plusieurs participants, entre ceux qui voulaient appeler explicitement à voter Macron (Nathalie Kosciusko-Morizet, Xavier Bertrand, Christian Estrosi, Jean-François Copé, Thierry Solère, Gérard Larcher, Luc Chatel) et ceux qui plaidaient, à l’instar de Laurent Wauquiez, pour « faire barrage » à la présidente du Front national (FN), mais sans appel explicite en faveur de Macron.

Selon Mme Kosciusko-Morizet, « la position doit être claire » :

« Ce n’est pas le ni-ni. Il faut appeler au vote Macron, comme François Fillon lui-même l’a fait. C’est une erreur d’enjamber le second tour et courir à la législative. Pour nous comme pour Macron. C’est désinvolte vis-à-vis des électeurs. »

« Dans notre échec, les affaires ont joué un rôle, bien sûr. Mais ce serait une erreur de s’en tenir là. Il faut aussi engager la rénovation de la droite et du centre, incarner notre part de modernité et d’espérance », a-t-elle également affirmé.

M. Estrosi s’est plaint de ce qu’il « ne se retrouve plus dans Les Républicains. Il n’y a plus de diversité », reprochant à M. Wauquiez de « refuser d’appeler à voter Macron ». M. Bertrand a également affirmé avoir « un différend profond » avec Laurent Wauquiez. « Je n’imagine pas que ma famille donne un permis de s’abstenir aux électeurs », a-t-il ajouté.

« C’est suicidaire de se rallier à Macron »

M. Wauquiez a tenu sa position, à savoir : faire « barrage contre Marine Le Pen » le 7 mai. « C’est suicidaire de se rallier à Macron et, ensuite, aux législatives, d’appeler à se battre contre lui », a-t-il argué. Jean-Frédéric Poisson, Eric Ciotti et François Baroin étaient sur la même position. M. Baroin, qui avait annoncé dimanche soir qu’il voterait Macron « à titre personnel », a expliqué que « pour éviter l’implosion » de LR, « on ne [devait] pas imposer le vote Macron ».

Les Républicains vont ainsi proposer de « soutenir une position claire et de rassemblement conforme à nos valeurs pour le second tour de l’élection présidentielle », a résumé Gérard Larcher, président du Sénat et président du comité politique, dans une déclaration à l’issue de la séance. « Dès demain, nous engagerons, en accord avec nos partenaires de l’UDI, la campagne des législatives pour le projet d’alternance, seul capable de redresser la situation de la France », a-t-il voulu embrayer.

Alain Juppé veut revoir la « ligne politique » du parti

Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, a réaffirmé son soutien à Emmanuel Macron au second tour tout en jugeant nécessaire de revoir la « ligne politique » du parti, partiellement responsable, selon lui, de l’échec de François Fillon au premier tour :

« Notre famille (…) doit s’interroger. Je crois qu’il y a au moins deux raisons à cet échec. La première, et il l’a lui-même reconnu, c’est évidemment la personnalité de notre candidat. Et la deuxième, c’est aussi la ligne politique. »

« La question est de savoir si demain il y aura à droite une composante humaniste, libérale et européenne qui pourra peser pleinement de son poids. Voilà l’enjeu de cette rénovation », a-t-il ajouté.

Parallèlement, une trentaine d’élus LR, partisans d’Alain Juppé et de Bruno Le Maire notamment, ont mis en garde leur « famille » contre le « rétrécissement de la droite sur une ligne politique exclusivement identitaire et conservatrice », qui serait « sans issue ».