-M- bride sa fantaisie musicienne avec « Lamomali »
-M- bride sa fantaisie musicienne avec « Lamomali »
Par Sylvain Siclier
Matthieu Chedid, entouré des joueurs de kora Toumani et Sidiki Diabaté, s’aventure en terres afro, sans totalement convaincre.
Pochette de « Lamomali », l’album de -M-, Toumani et Sidiki Diabaté. | LABO M-3ÈME BUREAU/WAGRAM MUSIC
Depuis ses débuts, à la fin des années 1990, Matthieu Chedid, dit -M-, s’est montré attentif à l’aspect visuel de ses spectacles – mise en scène, costumes – et des pochettes de ses albums. Avec pour ces derniers une teinte dominante, orange, rose-violet, noir et blanc, bleu… Pour son nouvel album, Lamomali, présenté comme une collaboration avec les joueurs de kora Toumani Diabaté et son fils Sidiki Diabaté, ainsi que la chanteuse Fatoumata Diawara, c’est le jaune qui domine. Peut-être celui du soleil du Mali, le pays des deux musiciens et de la musicienne qui sont présents dans la plupart des onze compositions du disque.
La première chanson, Manitoumani, débute dans un bel entrelacs de cordes, celles de la harpe-luth aux harmoniques scintillantes, en arrière-plan une ligne de basse, la voix de -M- qui reprend, en retrait « J’entends dans ta kora/Ton cœur qui bat mon frère », rejointe par des vocalises de Fatoumata Diawara. Jolie sobriété acoustique que l’on va retrouver dans Une âme, Toi moi, avec chorale d’enfants, Mama et Koman le héros traversé de quelques stries électriques en accord avec les étirements de la kora. Un cheminement assez simple, qui donne de plaisants moments.
M, Toumani Diabate, Sidiki Diabaté, Fatoumata Diawara - Manitoumani [Clip officiel]
Durée : 03:33
Agrégat stylistique
Pour le reste, on se montrera plus réservé. La deuxième chanson, Bal de Bamako donne ainsi le ton d’une envie un peu plus méli-mélo, plus fournie en interventions – dont une partie parlée par Oxmo Puccino –, avec accroche funky, solo blues-rock-psyché, le recours de -M- à ces jeux avec les mots qui ont été en d’autres occasions plus travaillés (« Malices au Mali des merveilles (…) Honni soit qui Mali pense »).
Suit Cet air, un peu reggae, assez anodin, un interlude instrumental en quatuor à cordes, plus loin Le Bonheur, avec le contre-ténor Philippe Jarrousky menant la composition vers une ambiance de musique classique ou Solidarité, qui reprend l’accroche funky du Bal de Bamako, avec passage d’un invité à l’autre, dont Santigold, Seu Jorge, Nekfeu, Youssou N’Dour… sur le modèle des chansons réalisées pour des associations de causes caritatives comme Les Enfoirés, USA For Africa, Chansons sans frontières. Avec L’Ame au Mali, à laquelle participent Amadou et Mariam ainsi que Jain, sur une rythmique mécanique que le texte de la chanson résume (« titackapoumtackaticketa ») ce principe d’agrégat stylistique trouve ses limites. Au total, Lamomali se révèle assez bancal, pas vraiment emporté par la fantaisie musicienne dont -M- peut être capable, ni vraiment convaincant comme rencontre avec les pratiques traditionnelles.
-M-, Toumani & Sidiki Diabaté - Bal de Bamako ft. Fatoumata Diawara, Oxmo Puccino
Durée : 04:22
1 CD Labo M-3ème Bureau/Wagram Music. www.labo-m.net/