« Dupont la honte », scandaient les manifestants sur le parvis de la mairie, lundi 1er mai. Depuis trois jours, plusieurs centaines de personnes se mobilisent à Yerres, dans l’Essonne, pour protester contre l’alliance de leur maire, Nicolas Dupont-Aignan, avec la présidente du Front national, Marine Le Pen, pour le second tour de l’élection présidentielle.

Des citoyens de cette ville de 29 000 habitants, dont le président de Debout la France (DLF) est maire depuis 1995, avaient appelé au rassemblement sur les réseaux sociaux. Après avoir chanté La Marseillaise, conclue par de nouveaux « Démission ! », opposants au député et maire, électeurs déçus ou habitants de villes environnantes ont défilé en cortège à travers la ville.

Cette alliance avec le Front national (FN), « c’est la stupéfaction et aussi le choc », résumait dimanche Françoise, 74 ans, vêtue d’un t-shirt affichant « Il votera Le Pen, pas moi ». Pour cette femme qui avait voté pour M. Dupont-Aignan aux municipales de 2014 — il avait été réélu avec plus de 77 % des voix — « il ne représente pas la ville, car Marine Le Pen n’a eu que 1 817 voix à Yerres au premier tour ».

« On savait qu’il avait des orientations antieuropéennes, mais on ne pouvait pas se douter qu’il allait aller vers le FN, car il l’a beaucoup critiqué », a renchéri Anne, 73 ans. Cette Yerroise recense un seul précédent de manifestation contre le maire : « En 1995, quand il a augmenté les impôts pour payer la dette » d’un prédécesseur.

Démission de ses fonctions de président de l’agglomération

Réunis dimanche, les maires des huit communes composant, avec Yerres, la communauté d’agglomération Val d’Yerres Val de Seine, ont décidé de demander la démission de M. Dupont-Aignan de ses fonctions de président de l’agglomération, a expliqué Georges Tron, l’un des vice-présidents de la collectivité et maire (LR) de Draveil, confirmant une information du Parisien.

Les maires — un socialiste, sept de droite — et le président du conseil départemental de l’Essonne, François Durovray (premier vice-président de l’agglomération), ont rédigé une lettre à M. Dupont-Aignan dans laquelle ils lui demandent « de remettre son mandat à la communauté d’agglomération », a expliqué M. Tron, arguant notamment d’une différence de « valeurs » entre « celles que nous défendons » et celles du FN.